On the road again… et fatigué à l’arrivée. Il est huit heures moins vingt, mes yeux restent difficilement ouverts. Plus de quatre heures de bus, sans fermer l’œil ! Une vraie épreuve pour quelqu’un qui, comme moi, est facilement bercé par la route.
Mais d’abord, revenons à hier soir. Je suis sorti de l’auberge de jeunesse avec l’espoir de retrouver Jules, celui-ci n’étant pas devant la télé. Le hasard pourrait-il frapper deux fois au même endroit ? N’ayant aucune envie de retourner au King’s Head, je suis allé jusqu’au Tigh Neachtain, un pub réputé pour sa musique. Mais pas la moindre trace de musique ce soir-là. Heureusement, le musicien de rue rencontré deux jours plus tôt croise ma route. Il joue pile devant le pub, sa guitare cette fois accompagnée d’une batterie home made à base de casseroles. Peu orthodoxe mais ça change.
J’écoute donc en sirotant une Guinness (note au voyageur : en Irlande, on fume dehors, ce qui autorise aussi à prendre son verre dehors) quand soudain, je vois passer Dupont (le Japonais de l’autre soir pour ceux qui seraient perdus). Je m’étais bien entendu avec lui la veille, bien que son accent ne soit pas plus facile à comprendre qu’un autre. Me reconnaissant à son tour, il se joint à moi pour écouter dans la rue un peu de musique, tout en se rafraîchissant. Il remarque au passage que Jules n’a pas voulu l’accompagner, et qu’il soupçonne que celui-ci n’avait pas apprécié notre précédente sortie (c’est vrai après tout, il n’avait pris qu’une seule pinte sur toute la soirée !!).
Mais bientôt, la musique s’arrête et il faut trouver un autre pied à terre. Deux pas plus loin, dans The Quais, un groupe joue. Nous y resterons passé minuit puis rentrerons tout en bavardant. J’aurai réussi à connaître des gens sympas à Galway, peut-être est-ce pour ça que j’ai eu du mal à quitter la ville.
Pour rejoindre Killarney, j’ai à nouveau choisi de prendre le bus, mais en faisant cette fois appel à la compagnie nationale, polyvalente mais moins confortable que le Citylink qui m’avait mené à Galway (et surtout beaucoup plus de monde). J’ai eu un peu de mal à trouver mon bus, forcément, là il n’y en avait pas qu’un, et il est resté plein jusqu’à Limerick, où j’ai dû en changer. J’ai vu très peu de la ville, sinon une architecture intéressante. Autre bus, moins de gens, une charmante demoiselle choisissant de s’asseoir à coté de moi (note au voyageur : toujours voyager en bonne compagnie, toujours). Si j’avais dit quelque chose, il y aurait peut-être eu conversation, mais on s’est juste quitté bons amis muets. Le voyage a encore été long, pour une arrivée à Killarney à 17h20, sous la pluie (sigh!).
L’auberge de jeunesse est à deux pas de l’arrêt de bus, et, après visite, c’est peut-être son seul avantage. What the hell am I doing here ? Pas de télé ni d’Internet (on s’attache vite au confort moderne, merci Galway), toilettes et douches dans le couloir, mixtes, chasses d’eau au fonctionnement aléatoire, pas de savon ni d’essuie-mains aux lavabos, c’est le service minimum. Du côté du dortoir, on dirait que ma réservation a mieux marché que prévu : je suis dans une chambre pour quatre au lieu de six ou sept. Il y a un quarantenaire avec moi, un Irlandais d’après son passeport auquel j’ai jeté un coup d’oeil discret (note au voyageur : toujours connaître ses compagnons de voyage), nous le nommerons Will. Je ne l’ai pas encore vu, j’espère qu’il ne rentrera pas saoul dans la matinée, à l’américaine…
Du côté de Killarney city, je n’ai fait qu’un rapide tour, me laissant une impression mitigée. La ville semble Irlandaise au possible, un peu ouvrière et pas vraiment touristique. Les gens du coin ont l’accent le plus marqué que j’ai rencontré depuis le début de mon périple, heureusement pas encore incompréhensible. Il va falloir se la jouer native, avec plus de pubs que de visites. Mais pas ce soir. Fatigué par le voyage, j’ai fait deux restos (un fermé, l’autre plein) avant de m’arrêter au Burger King (sic !). Cadre très froid, musique vite oublié et nourriture mal digérée. A éviter, je me sens très mal maintenant. Je vais donc attendre demain pour ma première vraie journée à Killarney, en espérant qu’après la pluie viendra le beau temps.