Que de choses se sont passées en une journée ! Mais bon, une nuit blanche, ça rallonge forcément la journée en question. Hier soir, alors que je m’apprêtais à dormir sur un banc, un garde de la sécurité passe me prévenir qu’il faut que je me déplace jusqu’au hall d’entrée. Je rejoins là d’autres personnes qui sont confrontés au même problème de logement que moi. Et nous voilà tous enfermés, pour ne pas qu’on se promène librement dans l’aéroport durant la nuit. Douze personnes au total, qui commencent à s’installer tant bien que mal par terre. Un jeune chinois, qui attend son avion du lendemain avec sa copine, engage la conversation sur qui on est, où on va, bref, les questions existentielles.
Ainsi, je me rends compte que je suis sans doute le seul français, avec ce couple chinois, un couple espagnol, un indien habitant l’Italie, deux allemands, deux inconnus et… deux irlandais rentrant chez eux. Le jeune chinois entame justement une longue conversation avec l’un d’eux, sur la différence des cultures. Et là, à son accent, je sens déjà que la communication en Irlande sera difficile.
Ils discutent jusqu’à deux heures puis décident de dormir. J’essaie de faire de même, somnole jusqu’à quatre heures, heure d’arrivée de nombreux passagers. La cafet’ et mon petit déjeuner arrive deux heures après, mon embarquement deux autres heures après, et le décollage a enfin lieu à 9h30. Pendant cette période je n’ai d’ailleurs fait que suivre les deux Irlandais, heureusement facilement reconnaissables car portant des casquettes rouges.
Pendant mes deux heures de somnolence, je n’ai pu m’empêcher de constater que dans le silence, j’avais presque oublié que mes compagnons d’infortune ne comprenaient pas ma langue. Alors que par un échange de regard, un sourire, tout était dit. La communication… Décollage de l’avion ressemblant à un départ de grand huit, atterrissage plus douloureux puisque, métaphoriquement, on me plantait des clous dans les tympans (note au voyageur : prévoir un chewing gum, à défaut de boules Quies, ça aide).
Descendre de l’avion se révèle facile, même sans rien entendre, suivre la masse jusqu’au point de récupération des bagages aussi. Mon sac n’est même pas abîmé, plus qu’à suivre les casquettes rouges jusqu’au dehors, jusqu’au bus. Ils en prennent un que je préfère éviter pour en prendre un moins cher, l’aventure commence. Mais en montant dans le bus, la question se pose : comment ça marche ? Le chauffeur m’explique rapidement, il est pressé (note au voyageur : ne pas comprendre est parfois un avantage, il m’a fait une ristourne de cinq cents).
Second problème, je ne connais pas les arrêts de bus et, après une demi-heure de trajet, je ne vois aucun nom de rue s’accordant avec ma carte. Puis c’est la délivrance, j’arrive à descendre au bon arrêt complètement par hasard, je trouve facilement l’auberge de jeunesse qui confirme ma réservation. Ouf.
Une fois installé dans une chambre pour quatre, mais tout seul, je décide d’aller manger un morceau dans une enseigne rétro 60’s, aux plats copieux mais un peu chers, le tout enrobés d’un service trop occupé. Je sais, mon anglais baragouiné dans ma barbe n’aide pas, même si c’est fait avec le sourire.
L’après-midi, je décide de me promener un peu, un tour de reconnaissance. Au passage, je note que mon téléphone portable est déchargé et qu’il me faut un adaptateur pour le brancher à la prise de courant irlandaise. J’erre dans les rues sans regarder mon plan pendant deux heures, trouve Dublin magnifique (architecture, jardins, agencement) mais, après la nuit blanche, fatigue. Je n’ai pas trouvé d’adaptateur après m’être arrêté à deux magasins, j’en ai assez. Et, tandis que je cherche le chemin du retour, je croise deux filles qui parlent en français. Je passe devant elles, me ravise et fait demi-tour pour leur demander où se trouvent ces fichus adaptateurs. L’une d’elle se dévoue pour me montrer un magasin sur sa route. Je la suis, Alice je crois (note au voyageur : retenir les noms des personnes, mêmes éphémères, ça peut servir, surtout si vous choisissez d’en faire un récit), et elle me trouve le magasin.
Je la quitte et ressort de là victorieux, avec juste la route du retour à faire. Sans carte, je tourne en rond, découvre le parc St Stephen’s Green, ce qui me fait comprendre que je suis un peu plus au sud que je ne le croyais. Je sors le plan et PAF, retrouve mon chemin.
Retour à l’AJ, petit repos jusqu’à 17h. Là, je décide d’aller voir un parc au nord de Dublin, me rends compte que les parcs les plus intéressant sont quand même au sud et redescends jeter un oeil à un centre commercial croisé plus tôt, le Stephen’s Green Shopping Centre (qui ressemble plus à son homologue américain qu’à celui français). Je vais manger à une pizzeria, oubliant de parler anglais, puis part faire une petite promenade digestive sur le bord de la Liffey. En repartant, je me perds dans les bas-fonds de Dublin – on dirait les bas-fonds du New York des années 80 – et rentre sans problèmes. Il n’est même pas 21h.
Fatigué je suis, et cependant impossible de ne pas remarquer que j’ai fait et vu une bonne partie de Dublin en une journée. Les visites vont être obligatoires pour éviter l’ennui. Le principal étant que j’ai quand même un endroit tranquille où me reposer, tant mieux, demain sera un autre jour !