Bien des touristes se rendent à Cuba sans jamais voir autre chose que ses plages. Je ne leur jette pas la pierre car il faut bien avouer que les plages de Cuba, en particulier celles réservées aux touristes, ont tout du paradis idyllique. Pour ceux qui, comme moi, souhaiteraient profiter de leur présence sur l’île pour en apprendre un peu plus sur son Histoire, il y a heureusement bon nombre de lieux et de musées qui permettent de visiter Cuba autrement.
La plupart des musées que l’on rencontre à Cuba sont essentiellement centrés sur la Révolution, menée par Fidel Castro. Première chose que j’ai apprise, c’est que si Fidel Castro occupe une place toute particulière dans l’Histoire cubaine, c’est aussi le cas de Che Guevara et de Camilo Cienfuegos. Si on ne présente plus le Che, je ne connaissais pas Camilo Cienfuegos, qui forme pourtant avec ses deux compères la Sainte Trinité de la Révolution, ou plutôt de ce qu’on pourrait appeler la seconde révolution. Avant celle de Castro, il y avait en effet eu la guerre d’indépendance menée vis à vis de l’Espagne.
Petite précision avant de vous emmener d’un bout à l’autre de Cuba pour vous recommander quelques musées : ceux-ci sont bien souvent articulés en deux temps. D’une part, il y a une chronologie des faits, à la manière de ce qu’on retrouve dans la majorité des lieux historiques. Mais à Cuba, cette chronologie est agrémentée d’objets ayant appartenu aux principaux intéressés : la botte de ce soldat qui s’est montré particulièrement valeureux lors de telle bataille, le fusil utilisé par tel autre, les instruments chirurgicaux utilisés par le Che… Des reliques qui contribuent forcément au culte de la personnalité qui entoure les grands noms de la Révolution.
De La Havane
Le Musée de la Révolution (Museo de la Revolucion)
Refugio #1 e/ Avenida de las Misiones y Zulueta, Habana Vieja
Sans aucun doute le musée le plus cher de tout Cuba (8 CUC l’entrée), c’est là que vous en apprendrez sans doute le plus sur la Révolution cubaine, surtout si, comme moi, vous ne parlez pas un mot d’espagnol. C’est un des seuls musées (le seul ?) où il y a une traduction en anglais ! Le bâtiment est superbe, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Il s’agit d’un ancien palais présidentiel que les révolutionnaires ont détournés de son rôle original, non sans humour. Quelques travaux avaient lieu à l’intérieur lors de ma visite, bien nécessaires quand on voit certaines salles commencer à se décrépir, notamment les salles de réception.
Pour le reste, la scénographie est quand même fort datée et il faut avoir le courage de tout lire mais il y a de quoi s’amuser, notamment quant à la façon dont sont dépeints les États-Unis. Forcément, la propagande n’est jamais très loin et démêler le vrai du faux n’est pas toujours évident. Si un char soviétique trône devant le musée, c’est à l’arrière qu’on retrouve quelques véhicules, voitures, avions et missiles datant de la crise de la Baie des Cochons, ou encore le Granma, le yacht qui ramena Fidel Castro, Che Guevara et bien d’autres en 1956. Un incontournable ? C’est discutable, mais c’est en tout cas le meilleur point de départ pour une visite historique de Cuba.
La place de la Révolution (Plaza de la Revolución)
La place où Fidel Castro prononçait ses discours, qui pouvaient durer plusieurs heures, est un peu sinistre. Située dans le Vedado, elle est à l’écart du centre ville comparé à la vieille Havane. Il n’y a pas grand chose à voir ou à faire autour et on va la plupart du temps jusque là pour le Mémorial José Martí, un obélisque de 107 mètres. S’il est bien moins connu de par chez nous que Fidel Castro ou Che Guevara, José Martí occupe pourtant une place essentielle dans le coeur des Cubains. C’est la figure principale de la guerre d’indépendance face à l’Espagne, et on retrouve des statues ou des bustes de ce grand homme sur presque toutes les places de Cuba.
J’avoue pour ma part avoir fait complètement l’impasse sur le Mémorial. J’ai fait le tour de la place en taxi (il est sans doute aussi possible de s’y rendre en bus, notamment grâce aux Hop on/off qui font le tour de la ville) et j’ai continué mon chemin vu qu’il se mettait à pleuvoir. La présence de gros nuages a peut-être contribué à cette impression grisâtre que le lieu laisse dans ma mémoire, mais il faut dire que les bâtiments gouvernementaux qui encadre la place ne respirent pas la joie de vivre, même si on retrouve les figures géantes de Che Guevara et de Camilo Cienfuegos sur les ministères de l’Intérieur et des Communications.
A Trinidad
Musée de la révolution (Museo Nacional de la Lucha Contra Bandidos)
Calle Echerri (Cristo), à l’angle Piro Guinart (Boca), Trinidad
Situé dans un ancien couvent, ce musée est tout aussi austère que son grand frère de La Havane mais le prix du ticket est bien plus démocratique (1 CUC l’entrée) et donne droit de monter au sommet du clocher pour admirer un panorama à 360° sur Trinidad. C’est d’ailleurs ce qui vaut vraiment la peine d’entrer dans ce musée. Pour le reste, les explications du musée ne sont bien sûr qu’en Espagnol et drastiquement plus réduites qu’à la Havane. Quelque part, c’est tout ce musée de Trinidad qui a l’air d’être un modèle réduit de celui de la Havane. Ironiquement, c’est la maquette de ce dernier qu’on retrouve dans une des galeries… Dans la cour, on trouve aussi deux véhicules, une vedette rapide et un camion de transport, qui n’ont à mon sens que peu d’intérêt.
Si vous montez au sommet, vous rencontrerez certainement cette Cubaine d’un certain âge qui rappelle à tous les visiteurs de ne surtout pas sonner les cloches…
En passant par Santa Clara
Le mausolée de Ernesto Che Guevara (Memorial Comandante Ernesto Che Guevara)
Plaza de la Revolucion Ernesto Guevara, Villa Clara
Il faut s’éloigner du centre de Santa Clara pour déboucher sur cette vaste esplanade quasi déserte dominée par une statue du Che. Rien que la statue est impressionnante, avec ses sept mètres de haut. Un hommage imposant, mais qui n’est que le sommet de l’iceberg. Lorsqu’on fait le tour de la statue, on découvre une entrée qui permet de pénétrer en-dessous, pour parvenir d’une part à un musée dédié à Che Guevara, et d’autre part au mausolée abritant ses restes et ceux des hommes morts à ses côtés en Bolivie. Les sacs et appareils photos y sont interdits et il faut les placer dans une consigne à l’écart du site, pour 1 CUC. L’entrée au musée est quant à elle gratuite.
L’ambiance respectueuse, révérencieuse presque, contribue à donner l’impression de pénétrer plus dans un lieu de culte que dans un musée. Ici, pas question de pousser des cris ou de prendre un selfie. Le musée, comme les Musées de la Révolution déjà évoqués, présente autant une chronologie historique (la vie du Che, de sa naissance à sa mort) que des objets personnels (ses armes, ses vêtements, mais aussi son certificat de naissance, son bulletin et les cendres de son meilleur ami ?!?). Un autre mausolée, à l’écart, rassemble les sépultures des soldats ayant participé aux combats à Santa Clara.
Le monument du train blindé (Monumento a la Toma del Tren Blindado)
A l’époque de la Révolution, un des grands faits d’armes de Che Guevara fut l’attaque de ce train de ravitaillement du régime, qui permit aux révolutionnaires de mettre la main sur un stock d’armes conséquent. Sur place, on retrouve le petit bulldozer qui servit à faire dérailler le train ainsi que plusieurs de ses wagons, dans lesquels on trouve en temps normal un musée qui relate l’attaque. « En temps normal » parce que j’étais sur place un dimanche et bien sûr, le dimanche, le musée est fermé. A côté du monument, la ligne de chemin de fer est toujours en service et les trains continuent de passer comme si de rien n’était.
Avec le mémorial du Che, ce train blindé achève à mon sens de faire de Santa Clara une étape incontournable de l’Histoire de Cuba.
Ou Santiago
La caserne Moncada (Cuartel de Moncada)
Avenue Moncada, Santiago de Cuba
Si d’aventure, vous êtes de passage à Santiago de Cuba, impossible de passer outre la visite de la caserne Moncada. Elle doit son nom à Guillermon Moncada, prisonnier en ses murs en 1874. Quand on s’intéresse à la Révolution, c’est un incontournable : c’est là que tout a commencé. Le matin du 26 juillet 1953, une centaine de révolutionnaires menés par Fidel Castro attaquèrent les soldats de Batista dans la caserne Moncada. Ce fut un échec et Fidel Castro fut capturé avant d’être libéré et exilé (et de revenir en 1956). Malgré ce petit raté, les Cubains ont conservé la date du 26 juillet comme date de début de la Révolution et comme Fête Nationale.
La caserne, comme de nombreux bâtiments militaires après 1960, a été transformée en école mais a conservé quelques salles pour former le Musée du 26 Juillet. Est-ce vraiment bien utile d’aller jusqu’à Santiago pour visiter ce petit musée ? Pas vraiment, mais si on y est de passage, il serait dommage de ne pas au moins aller voir le bâtiment pour observer les murs extérieurs encore criblés de balles. Les impacts sont tellement énormes qu’on se demande s’ils n’ont pas été un peu arrangé pour le folklore !
Le cimetière Sainte-Iphigénie (Cementero Santa Ifigenia)
Avenida Capitán Raúl Perozo, Santiago de Cuba
Créé en 1868 pour enterrer les victimes de la guerre d’indépendance et de l’épidémie de fièvre jaune à la même époque, ce cimetière était surtout connu pour abriter la tombe de José Marti. Depuis décembre 2016, ce n’est pourtant plus le locataire le plus connu ou le plus visité. Car c’est en effet ici qu’on trouve la sépulture de Fidel Castro, au milieu des 8000 autres tombes.
Si vous pensez qu’aller jusqu’à un cimetière, c’est peut-être pousser la curiosité historique un peu loin, j’aurais du mal à vous contredire. Surtout que l’entrée au cimetière est payante, et qu’à l’instar de quelques autres lieux à Cuba, il faut aussi payer pour prendre des photos et des vidéos.
Encore un Musée de la Révolution (Museo de la Lucha Clandestina)
General Jesus Rabi No 1, Santiago de Cuba
Après les musées de La Havane et de Trinidad, j’avoue ne pas avoir eu spécialement envie d’entrer dans le Musée de la Révolution de Santiago. Mais si vous cherchez l’exhaustivité, vous ne pouvez pas vraiment passer à côté, d’autant qu’il met à l’honneur une autre grande figure de la Révolution, Frank Pais. Pour l’anecdote, le musée est censé faire face à la maison dans laquelle Fidel Castro aurait passée ses plus jeunes années. Elle est cependant invisible, puisqu’aucune indication ni plaque ne la met en valeur. On ne peut que s’amuser à deviner celle dont il s’agit.
Au final, si Santiago a tout à fait sa place dans cette liste de par sa place dans l’Histoire de Cuba, j’ai eu l’impression que les informations qu’on y trouvait étaient soit redondantes, soit trop peu mises en valeur pour vraiment valoir le déplacement. Après, c’est peut-être dû à ma déception face à la ville en elle-même…
Votre soif d’Histoire n’est pas étanchée ? S’il s’agit des principaux musées où en apprendre plus sur l’Histoire cubaine, on trouve sans aucun doute d’autres lieux sur l’île qui valent le détour. Si vous en connaissez, n’hésitez pas à les partager en commentaires. De toute façon, plus que dans ses musées, l’histoire se lit à Cuba dans ses rues, dans ses bâtiments, dans les fissures qui traversent leurs murs où dans les yeux et les visages des Cubains. En bref, Cuba est tel un livre d’Histoire, ouvert à qui veut bien le lire.
Les textes repris dans cet article sont issus de mon récit de voyage « Looking for Fidel : un voyage à Cuba« . Pour le lire en intégralité, rendez-vous sur Wattpad.