J’ai découvert Osaka en coup de vent, en m’arrêtant le temps d’une trop courte journée entre Nara et Hiroshima. Un rendez-vous des plus brefs mais un coup de foudre instantané. Comment ne pas tomber amoureux de cette ville à l’allure rétrofuturiste, avec ses quartiers évoquant sans mal les décors de Blade Runner ou du 5e Élément ? Pourtant, à mon arrivée, c’était loin d’être gagné.
Une mégalopole intimidante. Je ne suis pas fan des grandes villes, loin de là. Je prends toujours New York en exemple, que je n’ai qu’à moitié apprécié malgré toutes ses qualités, à force de m’y sentir oppressé. J’ai échappé à cette impression à Tokyo mais mes premiers pas à Osaka ne m’ont pas rassuré. A la descente du train, on débarque dans des galeries souterraines fréquentées par des centaines, voire des milliers, de japonais, qui filent dans toutes les directions. Des magasins en tous genres habillent les murs de ces tunnels sans fin, qui m’évoquent directement la ville souterraine de Montréal, en plus labyrinthique. Sans Google pour m’orienter, je ne sais pas si j’y aurais facilement su trouver la sortie la plus proche de mon hôtel… La réalité est sans doute moins impressionnante que dans mon souvenir mais en arrivant de Nara, petite ville bordée par une nature verdoyante, ce fut le choc.
Au final, Osaka se laisse rapidement apprivoiser, entre ses quartiers à l’identité très marquée et ses nombreuses (et interminables !) galeries commerçantes qui remplacent littéralement des rues. On trouve de tout, notamment dans les artères bondées de Shinsaibashi, de la salle d’arcade au karaoké, mais surtout des restaurants. Si on s’en tient aux apparences, les habitants d’Osaka sont fidèles à leur réputation de férus de shopping. Mais ayant découvert la ville la veille du white day, l’autre Saint-Valentin du Japon, ma perception du phénomène est peut-être biaisée.
Osaka, c’est aussi le sujet du vingtième épisode de Partir Un Jour, le podcast voyage que j’anime en compagnie d’Aurélie, du blog Saut de Puce. Nous y parlons en détails des visites qui nous ont plu, mais aussi de celles que nous n’avons pas pu faire, comme le parc Universal. Mais nous évoquons aussi largement Nara. Prêtez-y une oreille si l’une ou l’autre vous intéresse !
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La tour Tsūtenkaku
Pour bien appréhender la ville, l’idéal est de prendre un peu de hauteur. C’est ce qui m’a fait prendre la direction de la tour Tsūtenkaku. Pensée à l’époque comme une mini réplique de la tour Eiffel et de l’Arc de Triomphe, elle dominait en 1912 une mini fête foraine qui a aujourd’hui disparue. Détruite puis reconstruite, elle culmine à présent à une centaine de mètres de haut.
Il existe aujourd’hui des tours bien plus hautes au sommet desquelles il est possible d’admirer la silhouette d’Osaka, tel que l’Umeda Sky Building mais la tour Tsūtenkaku n’en vaut pas moins le détour. Dès l’ascenseur, on est mis dans l’ambiance : un écran à l’intérieur simule notre décollage, avec une mise en scène très drôle qui vous fait forcément arriver au 5e étage avec le sourire aux lèvres.
Si à cette hauteur, il ne faut pas s’attendre à la vue la plus haute d’Osaka, on voit déjà parfaitement une bonne partie de la ville s’étendre à nos pieds, à perte de vue. Outre l’impressionnant panorama, on trouve dans cette tour une statue de Billiken, le dieu du bonheur où des choses telles qu’elles devraient être. La statue a pour réputation d’être un porte bonheur et nombreux sont les visiteurs qui y viennent pour déposer une pièce et caresser les pieds de la statue.
Comme à la Tokyo Tower, la visite consiste à descendre un à un les étages de la tour. La vue est à peu près identique d’un étage à l’autre, mais l’ambiance est différente, puisqu’au 4e, des hauts parleurs diffusent une musique rythmée, avec des boules à facettes et des lumières multicolores qui vous inviteraient presque à danser.
Un autre ascenseur (avec un autre écran, cette fois sur le thème de Retour vers le Futur) nous fait descendre encore un peu plus bas, pour nous en apprendre un peu plus sur l’historique de la tour mais aussi sur ce qui semble être son sponsor, Pocky, ou Mikado pour nous autres Européens. Cette dernière partie tient un peu du syndrome Ikea, puisqu’on est obligés de passer par un ensemble de boutiques diverses pour trouver la sortie.
Au pied de la tour, il faut absolument prendre le temps de se promener dans les ruelles du quartier de Shinsekai, littéralement « le nouveau monde ». Avec ses enseignes colorées et son architecture unique – qui n’est pas sans évoquer un parc d’attraction qui aurait sérieusement besoin d’une rénovation – le quartier a beaucoup de charme, même sous la pluie. Ce serait aussi l’endroit idéal pour trouver un resto, même si je n’en ai testé aucun.
Le quartier de Namba
Autre quartier, autre ambiance. Surtout connu pour ses enseignes extravagantes, le quartier de Namba accueille la rue Dontembori, sorte de Times Square d’Osaka. Je vous conseille donc de conserver cette visite pour la fin de journée, lorsque le soleil se couche et que le quartier s’illumine.
Comme dans le quartier de Shinsekai, mon premier réflexe a été d’admirer les milles et une enseignes géantes par lesquelles se distinguent les restaurant. Certaines sont d’ailleurs animées ! Là, une réplique de crabe géant remue les pattes, comme pour nous saluer, au-dessus du restaurant dont c’est certainement la spécialité. Plus loin, c’est un poulpe géant (manifestement une grande spécialité du coin), et encore plus loin, un chef à l’allure patibulaire. On termine par un sushi aussi gros qu’une voiture et un dragon transperçant une devanture pour changer de rue.
Si vous êtes à la recherche d’un peu plus de calme, on trouve en parallèle de cette rue une rivière qu’on peut longer tranquillement. Il est d’ailleurs possible de faire un tour en bateau sur le canal de Dontembori mais j’avoue de pas m’être laissé tenter. C’est en tout cas un très bon spot pour admirer un coucher de soleil…
Si Osaka semble laisser bien plus de place aux voitures que Nara (forcément) voire même Tokyo, cette zone est piétonne, comme toutes les galeries commerçantes alentours.
Où manger un hamburger à Osaka ?
Manger un hamburger au Japon, faut-il être fou ? Dans ce pays souvent loué pour la qualité de sa nourriture, aux plats plus succulents les uns que les autres, qui irait se perdre dans un restaurant de hamburgers ? Votre serviteur, évidemment. Avant même mon départ, j’avais noté l’adresse de Kua Aina, une chaîne originaire d’Hawaï qui a aujourd’hui une trentaine d’adresses au Japon.
Celle d’Osaka n’est pas particulièrement bien placée puisqu’elle se trouve à l’intérieur d’un centre commercial, mais c’était l’occasion d’aller voir l’un d’entre eux de l’intérieur (ça change des temples). La commande se fait au comptoir, comme dans n’importe quel fast food, et on va s’asseoir à table en attendant sa commande. Le décors se veut résolument hawaïen, avec des planches de surf accrochées au mur.
Je n’ai pas particulièrement été surpris par le contenu de mon plateau : un hamburger assez standard, bien que séparé en deux pour la présentation, et des frites dans une quantité satisfaisante. Par contre, il y a manifestement tout un décorum prévu pour cette expérience gastronomique. Une double-feuille de papier est ainsi prévue pour y loger le hamburger et pouvoir s’en saisir sans se salir les mains. Qui plus est, si un ingrédient tombe, il tombe dans la feuille, pas sur le plateau.
C’est un système qu’on trouve encore régulièrement dans les friteries, mais il est ici élevé au rang d’art. Est-ce qu’on mange ainsi ses hamburgers partout au Japon où est-ce une particularité des Kua Aina ? Aucune idée, mais une fois la prise en main effectuée, ça se révèle très pratique.
Au niveau du hamburger en lui-même, rien à redire, la qualité est là et les ingrédients de bon aloi. J’ai pour ma part jeté mon dévolu sur un chunky cheddar bacon burger, mais le choix est large, allant du burger hawaïen (avec des ananas) à la spécialité plus locale (le Teriyaki Burger).
Si jamais l’adresse vous fait envie mais que vous n’avez pas le temps de vous y arrêter à Osaka, je suis tombé par hasard sur une autre adresse à Tokyo, sur l’île d’Odaiba. Sinon, il y a bien d’autres adresses où déguster un hamburger au Japon !
Infos pratiques
Comment venir à Osaka : en train ! On y arrive très facilement depuis Tokyo, via les grandes lignes, mais aussi depuis Nara, vient une ligne plus locale. Dans les deux cas, ces trajets sont compris dans le JR Pass. Qu’est-ce que le JR Pass ? Je vous renvoie à mon article sur les aspects pratiques d’un voyage au Japon.
Comment se déplacer à Osaka : j’ai presque tout fait à pied, comme souvent au cours de mon séjour au Japon. Pour le reste, le métro est très performant et permet de gagner beaucoup de temps si vous vous déplacez d’une extrémité à l’autre d’Osaka. Cerise sur le gâteau, vous pouvez y utiliser la carte Pasmo ou Suica que vous aurez certainement acquis à Tokyo.
Vous constaterez que je n’ai pas évoqué le Château d’Osaka, un des lieux qui revient pourtant dans la liste de ce qu’il faut absolument voir à Osaka. COVID oblige, à Osaka comme ailleurs, de nombreuses attractions étaient fermées, à commencer par le château, mais aussi d’autres buildings en haut desquels il est habituellement possible de monter pour avoir une vue à 360° sur la ville. Pourtant, même s’il avait été ouvert, je lui aurais sans doute préféré le Château d’Himeji, entre Hiroshima et Kyoto.
Est-ce que j’aurais aimé passer plus d’une journée à Osaka ? Je n’en ai finalement pas vu grand chose. D’un côté, je regrette de m’être limité à cette visite éclair, mais de l’autre, cette brièveté a probablement joué dans mon ressenti et dans l’effet « souffle coupé » qu’elle a provoqué chez moi. Si vous tenez à profiter de tout ce que la ville peut avoir à offrir, prévoyez d’y passer au moins deux jours. Sinon, vingt-quatre heures suffisent amplement pour être marqué par Osaka.