Lorsque j’ai planifié mon roadtrip en Italie du Nord l’été passé, les Cinque Terre sont naturellement venues s’ajouter à mon itinéraire. J’avais vu tellement de photos magnifiques de ces cinq villages à flanc de falaise ou baignés dans des criques que je ne pouvais pas passer à côté. Les Cinque Terre étaient sur ma route, il fallait forcément que j’en profite pour les voir de mes propres yeux. Une question demeurait : j’y allais en plein mois d’août. Est-ce que l’endroit n’allait pas être envahi par les touristes ?
Ces petits villages côtiers sont en effet un peu victimes de leur succès depuis une dizaine d’années. Avec plus de 2,5 millions de visiteurs chaque année, ce paysage unique, classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO, est évidemment sujet au surtourisme, au même titre que Venise ou Barcelone par exemple. Était-ce bien raisonnable de vouloir ajouter ma pierre à l’édifice en y allant en haute saison ?
Alors que j’essaie d’aller de plus en plus vers un voyage plus durable, ajouter ma présence à la foule estivale ne me paraissait pas raisonnable. Surtout qu’à titre personnel, je déteste la foule. J’ai passé une journée à Florence au lieu des deux prévues, épuisé de voir les lieux qui m’intéressaient pris d’assaut. Je n’étais pas prêt à revivre la même chose aux Cinque Terre. Ah, et j’ai oublié de préciser que je voyageais avec un enfant en poussette. Pourtant, après moult hésitations, j’ai quand même tenté ma chance. Mieux, je ne l’ai pas regretté.
Se rendre aux Cinque Terre
Vous l’avez certainement déjà lu ailleurs, mais il ne faut pas compter se rendre en voiture dans les Cinque Terre. Les quelques parkings sont rapidement remplis et tous les villages ne sont de toute façon pas accessibles par la route. La solution la plus souvent recommandé reste celle du train, puisqu’une ligne de chemin de fer longe la côte et relie les cinq villages.
Cette ligne part du village de La Spezia, traverse les Cinque Terre et termine son trajet à Levanto. Un ticket pour un trajet coûte entre 5 et 10 euros selon la saison. Un ticket journalier, valable du moment où vous l’avez pris jusqu’à minuit, coûte 32,50 euros. Faites le calcul, si vous comptez vous arrêter à tous les villages, le ticket journalier est vite rentabilisé. Les horaires varient, mais de ce que j’ai vu, il y a souvent des trains toutes les 10 minutes, même s’il faut parfois attendre jusqu’à 30 minutes dans les heures creuses.
Il existe aussi un ferry qui relie tous les villages, de mars à novembre. Plus cher (comptez 41 euros pour un ticket journalier), je me disais qu’il était peut-être moins utilisé que le train. En me renseignant, j’ai vite réalisé que ce n’était pas forcément le cas.
Si vous ne voyagez pas avec des enfants en bas âge et que vous êtes sportifs, vous pouvez envisager de vous y rendre en traversant le parc national des Cinque Terre, à pied ou à vélo. L’expérience doit être incroyable et donne sans doute droit à des panoramas inédits. L’accès aux sentiers est payant et il faut se procurer la Cinque Terre Trekking Card (7,50 euros la journée).
Que ce soit pour le train ou pour les chemins de randonnée, les cartes d’accès à la journée peuvent être achetées aux points d’information présents dans les gares ou en ligne, ce qui évite d’avoir à faire la file à la gare.
Deux jours aux Cinque Terre
Pour moi qui remontais de Pise, le plus évident était donc de partir de la gare de La Spezia. Mais je craignais que tout le monde fasse de même, surtout qu’au moment de ma réservation, de nombreux logements à La Spezia affichaient déjà complets.
J’ai donc cherché une alternative et j’ai choisi de loger à l’autre bout de la ligne de train, à Levanto. J’ai trouvé un superbe logement chez un particulier, sur les hauteurs. Le coin était particulièrement surprenant, avec ses routes à sens uniques régies par des feux de circulation alternants. J’avais un peu peur des routes montagneuses étroites et je n’ai pas été déçu ! Un côté de la route était réservé au stationnement des riverains.
Arrivé là en fin de journée, je n’avais plus qu’à me lever tôt le lendemain pour être dès 8h à la gare. Mon hôte m’avait même prêté sa carte de stationnement afin que je puisse me garer directement au parking de la gare de Levanto. En commençant ma journée aussi tôt, et en empruntant le train dans le sens inverse à celui le plus courant, j’espérais réduire les risques de me retrouver noyé par la foule.
Et ça a plutôt bien fonctionné ! Toute la famille a eu droit à des places assises dans le train, sans difficulté.
Mon premier arrêt fut le village de Monterosso Al Mare, le plus grand et le plus touristique. Il possède une grande plage (payante), pour laquelle de nombreuses personnes faisaient déjà la file en début de journée. L’avantage, c’est que le reste du village était plutôt calme et j’ai pu déambuler dans des ruelles complètement vides, de m’arrêter à loisir aux boutiques… Pas sûr que je ne me serai pas fait bousculer quelques heures plus tard. L’endroit était joli, mais bizarrement, je n’ai pas ressenti le besoin de m’y attarder. Peut-être parce qu’il s’agit du seul village qui n’est pas vraiment « perché ».
J’ai enchaîné avec Vernazza, petit village de pêcheurs qui m’a beaucoup plu, surtout en arrivant dans sa crique, avec sa charmante petite église. Au début de la journée, il n’y avait là non plus pas encore trop de monde. Par contre, plus l’heure avance et plus ça se remplit ! Nous y sommes quand même revenus pour terminer la journée sur sa (petite) plage gratuite, et permettre aux enfants de jouer un peu dans la mer.
Corniglia est le seul village que je n’ai pas fait, et pour cause ! C’est le seul village qui n’est pas au niveau de la mer. De la gare, il faut monter des escaliers, pour un total de 382 marches ! J’étais là pour me détendre et profiter de la vue, pas pour un exploit sportif. La poussette et moi, on a donc décidé d’ignorer cet arrêt pour passer au village suivant. Il parait qu’une navette permet de rejoindre le village depuis la gare, mais je ne l’ai pas vu, et je n’étais pas prêt à faire la file pour l’attendre.
Avec Vernazza, Manarola est sans doute le village que j’ai le plus apprécié. Difficile de ne pas être séduit par son côté photogénique, et c’est peut-être ce qui explique que c’est le village qui attire le plus de monde. C’est là que j’ai mangé à midi et j’ai eu un peu de mal à y trouver une table pour quatre personnes (mais j’ai réussi sans que ça me prenne mille ans). A posteriori, je me dis que j’aurai dû commencer par Manarola pour le découvrir sans personne.
En milieu d’après-midi, je suis enfin arrivé à Riomaggiore, le dernier village des Cinque Terre (ou le premier, en partant de La Spezia). Tout en reliefs, faire grimper la poussette au sommet de ses rues m’a valu quelques gouttes de sueur, mais la vue en vaut la peine. D’ailleurs, si le bas du village est rapidement noir de monde, il suffit de monter sur les hauteurs pour se retrouver quasiment seul.
Quel bilan faire de ces quasi deux jours, de mon arrivée à Levanto à ma traversée de ces cinq villages ? Comme attendu, il y avait beaucoup de monde aux Cinque Terre au mois d’août. Je me souviens encore de la traversée du tunnel qui relie la gare au centre de Riomaggiore, où tout le monde se suivait en file indienne et où ça bouchonnait un peu (il ne fallait pas être claustrophobe). Et en même temps, je me rends compte que ces quelques heures passées notamment dans les rues de Manarola ou de Vernazza resteront parmi mes plus beaux souvenirs de ce roadtrip dans l’Italie du Nord.
Est-ce que le fait que je parte de Levanto plutôt que La Spezia a vraiment joué ? Démarrer la journée dès 8 heures à la gare nous a certainement permis de profiter un peu des lieux en étant au calme. Mais même sur le reste de la journée, les trains n’étaient pas bondés et je n’ai pas été submergé par la foule. Par rapport à Florence, j’aurais même tendance à relativiser et à dire que les Cinque Terre sont moins envahies que la capitale de la Toscane. Peut-être que je suis bien tombé.
Ceci dit, loin de moi l’idée de vous conseiller de visiter les Cinque Terre au mois d’août. Comme je l’ai dit en introduction, la région est vraiment affectée par le surtourisme, au point que des mesures de régulation soient envisagées depuis 2016. Si vous le pouvez, l’idéal est évidemment de vous y rendre hors saison. Mais si, comme moi, vous n’avez d’autre choix que d’y aller en plein été… Pas de panique. Avec un peu de préparation, il y a largement de quoi passer là-bas des moments inoubliables.