C’est sur la route qui me ramenait de Bretagne que je me suis arrêté à Amiens. Le choix n’avait rien d’anodin puisque ça faisait longtemps que je voulais découvrir la capitale picarde et sa fameuse cathédrale, l’une des plus vastes du monde. Pourtant, si j’avais prévu de faire halte à Amiens le temps d’une journée, j’ai fait l’erreur de débutant de ne rien planifier à l’avance et de débarquer les mains dans les poches.
C’est donc en improvisation totale, ou presque, que j’ai découvert la ville. Même si j’ai eu beaucoup de chance, je ne recommande pas vraiment cette méthode pour profiter pleinement d’Amiens (ou d’ailleurs) – ça m’a fait perdre un peu de temps, surtout à l’arrivée. Mais si vous êtes en train de lire cet article, vous êtes déjà sur la bonne voie ! Sauf si vous le consultez en étant déjà à Amiens. Dans un cas comme dans l’autre, j’espère que ce qui suit pourra au minimum vous inspirer.
Amiens en voiture
Si vous venez en train à Amiens, bonne nouvelle ! La gare est très bien située, à deux pas de la cathédrale, des hortillonnages ou de la maison Jules Verne. Mais si j’aime privilégier ce mode de transport quand je le peux, j’étais cette fois en voiture. Ne connaissant absolument pas Amiens, je craignais qu’entrer dans son centre-ville ne soit synonyme de galère, coincé entre une circulation dense et un manque de place de parking.
Mon premier réflexe a donc été de chercher s’il existait des P+R à Amiens, ce système de parkings situés en périphérie de la ville et qui donne accès à des navettes reliant le centre. A priori, c’était le cas, et j’en avais trouvé un sur mon itinéraire, au milieu d’un centre-commercial. Mon GPS m’y amène sans peine et je me gare dans un parking quasi désert. Jusque-là, j’avoue, j’étais assez content de moi. La suite va vite me faire déchanter. Il n’y avait aucune information autour du parking sur la manière d’atteindre le centre-ville. Rien qui mentionne un paiement quelconque, pas d’arrêt de bus clairement visible, bref, rien d’évident. Après dix minutes à chercher comment je pouvais m’y prendre, j’ai renoncé. Avec deux enfants dont un en bas âge, je n’avais ni le temps, ni la patience pour persévérer.
Le centre-ville d’Amiens est donc assez facilement accessible en voiture, avec le trafic habituel qu’on peut en attendre. Alors que je passais à proximité de la Cathédrale, mon attention fut attirée par un parking où j’ai directement trouvé une place. À nouveau, tout semblait idéal, jusqu’à ce que j’aille voir le parcmètre. Le stationnement aux parkings en surface est limité à une durée de trois heures maximum… Or, je comptais rester la journée. Je suis à nouveau remonté en voiture, pour rouler à peine une centaine de mètres et trouver un parking souterrain. Ouf !
Le stationnement à Amiens a donc l’air assez réglementé et si des parkings gratuits existent, ils ont l’air de se limiter à des courtes durées. Si vous connaissez des bons plans, n’hésitez pas à les partager. De mon côté, mon parking souterrain a eu le bon goût de ne pas avoir un prix exorbitant et de se trouver juste à côté de la cathédrale.
La Cathédrale Notre-Dame d’Amiens
Chef-d’œuvre de l’art gothique français, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, la Cathédrale Notre-Dame d’Amiens impressionne dès qu’on en approche, sa silhouette monumentale dépassant largement les maisons alentours. Bâtie au 12e siècle, elle a connu toute une série d’ajouts, de destructions et reconstructions au fil du temps, jusqu’à une restauration dans les années 1970.
La façade principale est incroyable et compte une multitude de détails. Je ne vais pas m’amuser à vous la décrire mais elle me semble aussi intéressante que l’intérieur de la Cathédrale. N’hésitez pas à faire le tour de cette dernière pour observer les gargouilles qui ornent ses corniches, mais aussi pour contempler son autre façade, à l’arrière du bâtiment.
Comme je le disais, l’intérieur n’est pas en reste. Avec ses 145 mètres de long et surtout la hauteur de la nef du chœur et du transept, il faut reconnaître que la Cathédrale a des arguments de taille. Moi qui me pensais blasé des cathédrales et autres basiliques après mes périples en Italie, j’ai vite changé d’avis. C’est donc d’abord les yeux en l’air que j’ai visité le monument.
La plupart des vitraux n’ont pas survécu aux deux Guerres mondiales, mais les statues sont, semble-t-il, d’origine. Ce qui a aussi attiré mon regard, c’est la clôture du chœur, avec ses tombeaux surplombés de scènes gravées, ses fresques et ses inscriptions que j’ai essayé de déchiffrer en vain.
Si l’essentiel de la Cathédrale est accessible gratuitement (sauf pendant les offices religieux et autres manifestations exceptionnelles), on peut aussi accéder à ses tours, à deux conditions : payer les 6 euros de droits d’entrée et avoir le courage de grimper les 300 marches qui emmènent au sommet. En contrepartie, on accède à ce qui est probablement la plus belle vue sur la ville. De mon côté, je ne voyais pas comment y monter avec un enfant dans les bras et je le regrette un peu.
Il y a également le trésor de la Cathédrale, dont l’accès coûte 4 euros, et qui permet d’admirer notamment la relique de Saint Jean-Baptiste. Notez enfin que le site de la cathédrale propose une visite guidée sur smartphone et des jeux à télécharger pour les enfants.
Le quartier Saint-Leu
Depuis la Cathédrale, il ne faut que quelques minutes pour rejoindre le quartier Saint-Leu et enjamber la passerelle qui conduit à la place du Don. C’est là que se trouvent les maisons les plus anciennes de la ville, dites maisons à pignons. Des maisons colorées, faites de torchis, de bois et de brique qui abritent aujourd’hui un ensemble de boutiques de créateurs, pas mal de terrasses de café et un certain nombre de restaurants. L’endroit parfait pour faire une pause gourmande.
A l’origine, le quartier était surtout le centre d’une activité ouvrière florissante, avec des filatures, des teintureries, des tanneries, des moulins… des industries qui avaient besoin d’eau pour fonctionner, ce qui explique qu’elles s’étaient établies au bord de la Somme.
C’est d’ailleurs au milieu de la Somme qu’une sculpture a attiré mon regard : il s’agit de « l’homme sur la bouée », qu’on retrouve juste devant le pont de la Dodane. Il s’agit d’une œuvre de Stephan Balkenhol et, si je l’ai découvert au naturel, il n’est pas rare de la voir habillée de différentes façons, une coutume semblant être de traverser la Somme à la nage pour lui enfiler des t-shirts.
Je n’ai fait que traverser rapidement le quartier Saint-Leu, mais il m’a paru propice aux déambulations pour les marcheurs qui, comme moi, aiment à se promener sans but au gré de leurs rêveries.
Les hortillonnages
Les Hortillonnages, c’est la raison pour laquelle on surnomme Amiens « la petite Venise du Nord ». Ce dédale de canaux et de verdure existerait depuis l’Antiquité et prend place dans l’ancien lit de la Somme. Aujourd’hui, plus de mille propriétaires partagent cet espace de 300 hectares pour leurs activités de maraîchage ou leurs loisirs, tels que le jardinage ou la pêche. Il y a également des gens qui vivent là à l’année, dans ce lieu proche du centre-ville et pourtant à l’écart de tout.
Il y a plusieurs manières de visiter les Hortillonnages d’Amiens, que ce soit en barque à cornets traditionnelle, en barque électrique, en canoë-kayak, à vélo ou voire simplement à pied, via un sentier pédagogique. Je vous renvoie au site de l’office de tourisme de la Somme, ne les ayant pas toutes testé.
De mon côté, j’ai pris la direction de la Maison des Hortillonnages, une association qui œuvre notamment pour la protection et la sauvegarde du site, et qui propose des visites guidées en barque d’avril à octobre. L’excursion dure environ 45 minutes où se laisse guider au fil de l’eau à bord d’une barque électrique.
J’ai débarqué à la Maison des Hortillonnages sans réservation, en espérant pouvoir trouver quatre places pour une excursion dans l’après-midi. En plein mois d’août, c’était plutôt culotté. Sans surprise, on m’a répondu qu’il n’était plus possible de prendre de réservation pour la journée. J’allais donc faire une croix sur les Hortillonnages (ou au minimum m’y promener à pied) mais une envie pressante nous a fait bifurquer vers les toilettes, qui se trouvent juste à côté du quai.
Alors qu’une embarcation s’apprêtait à partir, on nous a demandé si nous avions envie de monter à bord. La barque n’était pas pleine et il n’y avait aucune trace des personnes devant y prendre place. Retournant en quatrième vitesse acheter des tickets, il ne restait plus qu’à faire enfiler des gilets de sauvetage aux enfants pour démarrer. Comme je le disais en introduction, j’ai eu beaucoup de chance lors de cette journée !
Les hortillonnages sont incroyablement tranquilles et invitent à la rêverie. Notre guide ne nous a cependant pas laissé nous assoupir et a enchaîné l’historique de ce coin de paradis avec diverses anecdotes, toujours avec humour. Il a aussi expliqué le rôle de l’association et la manière dont les propriétaires regrettent que certains visiteurs prennent leurs aises dans les hortillonnages (pour pique-niquer et laisser leurs déchets sur place par exemple…). Si vous choisissez de visiter les lieux en autonomie, prenez bien garde de ne pas aborder n’importe quel rivage (il s’agit pour beaucoup de parcelles privées) et de respecter l’endroit.
La balade prend déjà fin et je pense que toute la famille aurait aimé qu’elle dure un peu plus longtemps tant elle a été agréable. Je recommande la visite sans hésitation. Si elle ne vous suffit pas ou que vous souhaitez aller plus loin, il existe aussi un Musée des Hortillonnages, qui est par contre un peu excentré puisqu’il se trouve à Rivery.
La maison de Jules Verne
Quitter les hortillonnages pour les rues d’Amiens se fait sans transition, ce qui peut surprendre. Mais quand c’est en plus pour aller découvrir la maison d’un des grands maîtres de l’imaginaire, il ne faut pas avoir peur du grand écart. Car c’est bien la maison de l’auteur de « 20 Milles Lieux Sous les Mers » ou « De la Terre à la Lune » qui se trouve à Amiens, Jules Verne y ayant passé plus de 30 ans de sa vie.
C’est en 1882 que Jules Verne et sa famille s’installent dans un hôtel particulier à l’angle de la rue Charles Dubois et du boulevard Longueville. Cent ans plus tard, la ville d’Amiens a acheté le bâtiment et l’ouvre le public. D’abord simple centre de documentation, la collection s’est enrichie de nombreux objets ayant appartenu à l’auteur, ce qui en fait un véritable musée.
La maison de Jules Verne intrigue de l’extérieur avec sa haute tour. A l’intérieur, on retrouve de nombreux ouvrages et plus de 700 objets ayant appartenu à Jules Verne, le tout s’étalant sur quatre étages. On évolue dans cette demeure bourgeoise en étant de temps à autre transporté dans la fiction, puisqu’on passe tour à tour d’un joli jardin d’hiver à la cabine d’un bateau ou au grenier, avec ses malles au trésor !
Les fans de l’auteur pourront aussi aller voir le tombeau de Jules Verne, au cimetière de la Madeleine d’Amiens. Grand amateur de cimetières, j’aurais bien aimé m’y promener et en profiter pour rendre hommage à l’écrivain, mais je n’avais malheureusement pas le temps.
Car ce n’est pas 80 jours que j’avais pour faire le tour d’Amiens, mais bien une seule et unique journée. Malgré cela, j’ai l’impression d’en avoir déjà bien profité, mais je reconnais qu’une deuxième journée pour creuser certains aspects ne m’auraient pas déplu. Je terminerais ma journée en goûtant à une des spécialités d’Amiens, le macaron, qui prend ici la forme d’un petit palet d’amande et blanc d’œufs. Un délice !