Peut-on visiter le parc Guëll gratuitement ? La réponse est non. Pas vraiment. Si vous étiez venu ici pour connaître un chemin secret, une manière d’entrer en douce ou un bon plan pour éviter d’acheter un billet, vous pouvez faire demi-tour. Il n’existe malheureusement (à ma connaissance !) pas de formule magique pour visiter le parc Guëll gratuitement, sauf si vous avez réussi à mettre au point une machine à voyager dans le temps…
Je suis allé à Barcelone à deux reprises et, à chaque fois, j’en ai profité pour visiter le parc Guëll. Lors de ma première fois, en 2012, j’ai pu faire le tour de l’ensemble du parc tout à fait librement, sans payer. Ce n’était plus le cas quand je suis retourné quelques années plus tard. En effet, en 2013, la mairie de Barcelone a instauré un système de billetterie pour accéder à la partie la plus emblématique du parc, appelée « zone monumentale ». Cette zone comprend les principaux éléments créés par le célèbre Antoni Gaudí, comme la salamandre, la place de la Nature, le banc ondulé ou la maison-musée de l’architecte, bref, ce qui en fait l’un des joyaux architecturaux de Barcelone. Le but de cette mesure était de limiter le nombre de visiteurs et de préserver le patrimoine du parc, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, véritable chef-d’œuvre de l’art nouveau et du modernisme catalan.
Aujourd’hui, pour visiter la zone régulée du parc Guëll, il faut donc acheter un billet à l’avance sur le site officiel du parc ou dans les points de vente autorisés. Le prix du billet varie : il coûte 10 euros pour un adulte, 7 euros pour un étudiant ou un sénior, et il est gratuit pour les enfants de moins de 7 ans ou les personnes handicapées. Le billet donne droit à un créneau horaire précis pour entrer dans la zone régulée, et il faut respecter cette heure sous peine de se voir refuser l’accès (il y a tout de même une tolérance d’une demi-heure). Une fois à l’intérieur, on peut par contre rester autant de temps que l’on veut.
S’il existe une zone régulée, vous allez me dire qu’il doit exister une zone non régulée. Et vous n’aurez pas tort ! Plus naturelle, ce que le site officiel dénomme la zone boisée ou zone forestière est en principe gratuite et ouverte à tous. Il s’agit en fait du bois de Vallcarca, qui offre une promenade agréable dans la nature, typique d’un bois méditerranéen naturel. Avec des vues sur la ville et la mer, c’est un lieu fort apprécié des barcelonais qui viennent s’y détendre ou faire du sport. Alors, d’une certaine manière, on pourrait dire que c’est une façon de visiter le parc Guëll sans payer, mais si on ne voit pas les œuvres de Gaudí, a-t-on vraiment visité le parc Guëll ?
Le parc Guëll vaut-il son prix ?
Qu’est-ce que vous allez rater en ne payant pas le prix fort pour visiter le Parc Guëll ? Ce qui en fait l’essence, selon moi : les allées aux étranges colonnes, les viaducs piétons, les quatre maisons rescapées du projet immobilier qui était prévu à l’origine, un ensemble de petits détails et d’endroits qui en font un lieu unique, à l’atmosphère quasi onirique.
Lors de ma première visite, ce qui m’avait le plus marqué, c’était évidemment la place de la Nature. En bon représentant de la génération de « L’Auberge Espagnole », j’avais attendu avec impatience de découvrir l’un des lieux de tournage du film et pouvoir moi-même m’asseoir sur le plus long banc ondulé du monde (110 mètres m’indique Wikipédia). Ce banc en lui-même témoigne de la vision de Gaudí en offrant un endroit où on peut autant se retrouver seul, à deux ou en petit groupe que face à une foule bigarrée. Le lieu était d’ailleurs prévu initialement pour accueillir un marché, ce qui ne s’est jamais fait.
À ma seconde visite, c’est plutôt sur la salle hypostyle – Sala Hipóstila – que je me suis arrêté. Cette salle aux cent colonnes doriques (elle n’en compte en fait que 86) devait aussi servir de marché (vous l’avez deviné, ça ne s’est jamais fait) et devait, pour Gaudí, évoquer une forêt. Les colonnes et la voûte sont construites de sorte que l’eau de pluie soit récupérée dans des citernes situées sous le marché pour permettre l’arrosage des jardins, ainsi que l’alimentation des fontaines. Plus que les colonnes, c’est la voûte de la salle qui m’a envoutée (pardon), avec ses quatre soleils en céramique.
On ne peut pas non plus passer à côté de l’escalier du dragon, avec la fameuse salamandre multicolore de Gaudí et qui se trouve à ce qui est pour moi l’entrée principale du site. Malheureusement, cette salamandre est sans surprise prise d’assaut par les touristes et nombreux sont ceux qui font la file pour être pris en photo à ses côtés. Elle n’en reste pas moins magnifique.
Il y a également la Maison-musée Gaudí, qui fut sa résidence pendant plus de 20 ans. On y retrouve certaines pièces d’époque, des objets personnels… mais le prix d’entrée n’est pas compris dans celui du parc. Pour y accéder, il faut donc encore acheter un ticket séparé. Un scandale ? À vous de voir.
Faut-il aller voir le Parc Guëll ? C’est peut-être la vraie question. Entre mes deux visites, j’ai été surpris de constater que rien n’avait changé. Il y a toujours autant de monde qui visite le parc, qui s’agglutine autour de ses pièces les plus connues… Si la municipalité de Barcelone espérait faire diminuer la fréquentation du parc en en rendant les parties les plus intéressantes payantes, c’est raté. Au sein de la zone monumentale, on trouve d’ailleurs une sous-zone « à forte concentration », comprenant un deuxième point de contrôle. Si j’ai pu y passer directement lors de ma visite, le site officiel met en garde sur une possible file d’attente !
En soi, c’est vraiment pour moi ce qui pourrait principalement décourager ceux qui hésitent à visiter le parc Guëll : la foule. La même foule qu’on retrouvera à la Sagrada Familia, à la Pedrerà ou à la Casa Batllò pour n’en citer que quelques-uns des chefs-d’œuvre de Gaudí. Et s’il existe d’autres endroits qui valent le détour à Barcelone et où on se sent peut-être un peu moins les uns sur les autres, il faut être réaliste : peut-on vraiment aller à Barcelone en faisant l’impasse sur le plus célèbre de ses architectes ?
Encore une fois, la réponse est non. Pour ceux qui souhaiteraient donc tenter l’aventure, vu le succès du parc, je ne peux que vous rappeler de réserver votre ticket à l’avance, sous peine de ne pas pouvoir pénétrer à l’intérieur le jour-même.
Je suis allée à Barcelone en 2008, tout ou presque était gratuit… Aujourd’hui, tout ou presque est payant. Je ne retournerai plus à Barcelone…
Je comprends votre sentiment et c’est exactement ce que cherche la municipalité de Barcelone : réduire le nombre de touristes en rendant la destination plus exigeante. Celles et ceux qui n’y sont pas encore allés devront être vraiment intéressés par les œuvres de Gaudí pour franchir le pas.