Galway à pied

J’ai réussi à échapper à la réalité, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose. En voulant sortir, hier, je me suis arrêté devant la salle commune de l’auberge de jeunesse, par curiosité. Un vieux film passait à la télé, suivi par deux types taciturnes. Plus cinéphile que jamais,je m’avance pour regarder de quoi il s’agit. Jaws, de Steven Spielberg, que je n’ai jamais vu. Soirée TV donc, loin de l’aventure promise, mais qui m’a au moins permis d’améliorer mon américain. Car, en effet, les cinq charmantes demoiselles qui ont élu domicile dans mon dortoir sont Américaines, de Boston, Massachusetts. Elles ont des noms comme Courtney, Megan ou Fiona, mais c’est trop compliqué. Bien qu’elles ne soient que cinq, on les désignera par les noms des sept nains quand ce sera nécessaire.

Ces demoiselles semblent chercher à rester dans le coin (je crois avoir compris qu’elles cherchent un appart’) même si elles m’ont dit ne rester qu’un mois. Elles sont rentrées plutôt tard hier soir, ce qui ne m’aurait pas dérangé outre mesure si elles n’avaient ensuite conversé pendant une heure. La nuit est passée, je me suis levé en premier. Elles ont manqué le petit-déjeuner, je me demande si c’est parce qu’elles avaient la gueule de bois ou parce qu’elles sont Américaines (je parle du décalage horaire, bien entendu).

N’ayant pas la possibilité de traîner dans ma chambre comme à Dublin, j’ai décidé rapidement de commencer les visites. Au programme, l’église et la cathédrale Saint Nicolas (deux édifices différents mais qui porte le même nom). La cathédrale est impressionnante : immenses fresques et vitraux, avec la musique de l’orgue en fond. Magistral ! Forcément, à côté, l’église faisait un peu office de miniature. J’ai par la suite été vers le sud de la ville et la plage, juste à côté du port, en espérant apercevoir un bout du Connemara. Mais pas moyen, la brume masquait l’horizon.

Le temps était pourtant au beau fixe cet après-midi, une journée caniculaire s’il n’y avait eu ce vent du large. Pour le midi, je me suis arrêté au Goyas, charmant resto / salon de thé, où j’ai dégusté une quiche lorraine. Portion et prix honnêtes, dans un cadre charmant avec du jazz en fond (Bing Crosby, Frank Sinatra, …). Bonne adresse.

Mon deuxième tour à l’office de tourisme s’est limité à récupérer un plan de la ville avant de la parcourir pendant près de trois heures. Mes pas m’ont entraîné du côté de la Spanish Arch, du Galway Museum (fermé pour cause de rénovation), du Nora Joyce Museum (assez exigu, et j’ai cru comprendre qu’on pensait que j’étais un sacré fan de James Joyce pour être venu jusque là), du Bridge Mill (pas grand chose à voir) et sur les berges de la rivière locale, la rivière Corrib (qui, vous l’avouerez, porte vraiment un nom d’attraction de parc à thème).

galway_cath

Galway arrive ainsi à allier cadres bucoliques et cité industrialisée, ce qui est malgré tout un peu dommage puisque difficile de prendre une photo sans une usine pour fond. J’ai même poussé jusqu’à l’université de Galway, alliant bâtiments neufs et couvent du 18e siècle, ce qui la rend deux à trois fois plus grande que la mienne.

Galway University

J’ai terminé l’après-midi en déambulant dans des centres commerciaux et devant un musicien de rue. Il était alors à nouveau l’heure de manger un morceau, au Fat Freddy’s, une petite pizzeria de l’artère principale. Ambiance intimiste, parfait pour une soirée en couple, en famille ou tout seul d’ailleurs. Très bonne ambiance musicale, plats bons mais un peu cher (je crois que c’est le cas de toutes les spécialités italiennes), encore une bonne adresse, même si je ne comprenais pas la serveuse. Ironie du sort, j’ai par contre très bien compris les Français à côté de moi qui faisaient le tour de l’Irlande en voiture, dans le sens inverse du mien.

Retour à l’auberge de jeunesse. Je comptais aller au pub, mais j’ai une fois de plus rencontré mes amis cinéphiles, un Italien et un Français (l’un finit un stage, l’autre commence un boulot) que nous désignerons par Verne et Jules. Sur l’écran, un James Bond cette fois. Difficile de résister… Après le film, je me retrouve seul à nouveau dans la chambre. Je suis le premier rentré, mes Américaines sont encore de sortie et j’ai bien peur qu’on ait un rematch de la nuit dernière. Et dire qu’en essayant de dormir, c’est moi qui écope du rôle de Blanche Neige…

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