Parmi les quartiers de Lisbonne, Belém figure en bonne place dans les guides de voyage et pour cause. Avec ses monuments vieux de plusieurs siècles, ses pâtisseries vieilles de plusieurs siècles (je parle des établissements, pas des gâteaux), ses quais dégagés sur le bord du Tage idéals pour une promenade, l’endroit possède de sérieux atouts pour appâter le chaland. Mais encore faut-il réussir à aller jusque-là… Récit d’une journée un peu longue à démarrer.
Sur le papier, tout paraissait simple. Du centre ville de Lisbonne, il y avait de multiples façons de se rendre à Belém : soit en empruntant le métro et changer à la gare la plus proche pour prendre le train, soit en utilisant un des modes de transport qui fait le charme de Lisbonne, je veux bien entendu parler du tramway. Comme de parfaits touristes, c’est bien entendu le tramway qui avait eu notre préférence, son côté typique et pittoresque l’emportant sur le très banal couple métro & train.
Nous voilà donc de bon matin à l’arrêt de la place Figueira à attendre un tram de la ligne 15. Il y a déjà plusieurs personnes autour de nous et notre groupe ne fait que grossir au fil des minutes qui passent. Il faut savoir que la ligne 15 est censée être desservie toutes les 11 minutes. En pratique, nous attendrons quarante-cinq minutes sans rien voir venir. C’est au passage d’un énième tram de la ligne 12 que nous avons décidé de prendre le métro, le train, et de maudire le tramway de Lisbonne.
Avec le train, nous sommes à Belém en moins de quinze minutes. Dire que c’était si simple ! Après un repas vite expédié au Honorato du coin (si vous cherchez où manger un hamburger à Lisbonne, c’est une bonne adresse), nous traversons les parcs qui s’étendent entre la grande rue de Bélem et le Tage. Il fait une chaleur assommante en ce mois de juillet et l’ombre de leurs quelques arbres est la bienvenue. Il y a aussi de trop rares fontaines auxquelles il est possible de rafraîchir.
Malgré le soleil, nous partons à la rencontre du Monument des Découvreurs (ou des découvertes ? La traduction n’est pas claire), une sorte d’immense tour de 52 mètres de haut, parée de statues des grands explorateurs. Le résultat est impressionnant, et a le mérite d’offrir en plus un peu d’ombre.
Après après avoir profité de la vue (on est de l’autre côté du pont du 25 avril tout de même), nous partons vers un des autres symbole du quartier : la fameuse tour de Belém (ou Torre de Belém). Bien plus ancienne que le Monuments des Découvreurs (5 siècles versus 50 ans), elle est aussi bien plus petite et donc, en comparaison, moins surprenante au premier abord. Les guides de voyage la conseille pourtant, la plupart du temps au détriment du Monument des Découvreurs. Il est vrai que son architecture est plus intéressante, qu’il faut même traverser une sorte de pont-levis pour y accéder (il s’agit d’un ancien phare fortifié), mais la vue y est sans doute moins belle. D’après moi, c’est le côté historique de cette tour (qui était au beau milieu du Tage jusqu’à ce qu’un séisme ne justifie de la rapatrier sur la terre ferme) qui explique cela.
Nous quittons finalement la brise apportée par le large pour retourner vers la ville, et plus particulièrement vers le Monastère des Hiéronymites. Daté lui aussi de cinq siècles, dans le même style manuélin que la tour de Belém (ils avaient tous deux étaient construits dans un but défensif), le bâtiment fait forte impression. Il est énorme, occupe tout le champ de vision et il est difficile d’en détacher les yeux. Il abrite aujourd’hui les musées de la marine et de l’archéologie.
Pour ma part, c’est pour la tombe de Vasco de Gama que je voulais y pénétrer. Pour y parvenir, il suffit de passer les portes de l’église Sainte-Marie, dont l’entrée est gratuite (au contraire du reste du monastère). Honnêtement, rien que pour le Monastère des Hiéronymites, qui est d’ailleurs classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco, le déplacement à Belém est un passage obligé pour tout séjour à Lisbonne. Sa façade toute de pierre taillée ne peut qu’impressionner, tout comme son cloître.
Nous terminerons notre journée comme les parfaits touristes que nous sommes, en faisant une pause gourmande à la Fábrica dos pastéis de Belém, qui propose depuis 160 ans sa propre version des fameux pastéis de nata, mélange typiquement portugais de flan et de pâte feuilletée. La file de badauds devant l’enseigne peut effrayer, mais n’ayez crainte, on ne survit pas 160 ans sans avoir acquis un certain savoir-faire dans le service au client. Nous sommes ressortis de là en deux temps trois mouvements, sans avoir eu le temps de dire « ouf » ! La réputation des Pastéis de Belém est-elle méritée ? Oui, mille fois oui ! Nous ne les dégusterons pas avant le soir-même, mais je regrette déjà de ne pas en avoir emporté plus dans mes valises.
Reste à retourner dans le centre-ville… Notre mauvaise expérience du matin largement oubliée après cette journée bien remplie, nous décidons de délaisser le confort du train et de monter coûte que coûte à bord d’un tram. Sauf que la malédiction nous poursuit… Non seulement il nous faut encore attendre une bonne vingtaine de minutes avant que l’un d’entre eux ne daigne se montrer, mais il y a en plus un monde fou qui veut embarquer. Nous nous retrouvons donc debout, entassé à bord du tram, pour un trajet de près d’un peu plus d’une demi-heure. Pittoresque ? Même pas ! Il s’agissait d’un tram neuf, pas d’une de ces petites voitures anciennes (et heureusement, parce que nous n’aurions pas su monter).
Conclusion : nous avons essayé d’être à la hauteur des grandes figures de Belém et de jouer aux découvreurs, mais s’il y a un conseil que je peux vous donner, c’est de mettre de côté votre curiosité de touriste, de délaisser les tramways et de leur préférer le métro et le train !