J’ai toujours eu du mal à imaginer ce à quoi ressemblerait ma première fois à New York. Est-ce que j’allais monter en haut de la Statue de la Liberté ou flâner dans Central Park ? Il y a tellement de choses à voir et à faire à New York qu’il était de toute façon impossible que j’arrive à faire tout ce dont j’avais envie en une fois. Pourtant, jamais je n’avais imaginé que pour mon premier séjour dans la Grosse Pomme, une étape déterminante serait un spectacle de Broadway.
Broadway melody
Comme tout le monde, j’avais les yeux pleins des images véhiculées par les films et séries américaines. Des clichés loin de la réalité ? Pas forcément. Les immenses enseignes illuminées de Times Square et la foule se bousculant à leurs pieds correspondaient parfaitement à ce que j’avais par le passé pu voir sur écran. Le cas de Broadway fut un peu différent.
Comme de nombreuses rues de New York, Broadway est bien plus longue que je ne l’avais pensé. Elle ne s’arrête pas au quartier des théâtres mais continue le long de Central Park jusqu’au sommet de l’île de Manhattan. Mais revenons au Theatre District, qui s’étend de la 42e à la 50e rue, aux abords de Times Square. Il regroupe les salles de théâtre, de comédies musicales, de revues de Music-Hall… Broadway est donc synonyme de spectacle.
Selon la taille de la salle et surtout de leur situation géographique, on va voir un Broadway show, un On Broadway show ou un Off Broadway, ces derniers regroupant les représentations données dans les théâtres périphériques et les petites salles de quartier.
American Idiot
Une chose qu’on remarque vite à Manhattan, c’est que les rues sont presque aussi vivantes la nuit que le jour. Autour de Times Square, les taxis bouchent encore les avenues, les touristes errent partout sur les trottoirs et le McDonald’s du coin ne désemplit pas. Avant même mon arrivée à New York, j’avais cherché comment occuper mes soirées et c’est comme ça que s’était imposé Broadway.
Le choix du spectacle s’était révélé loin d’être facile. Sur les affiches se côtoient des classiques comme Annie ou Le Fantôme de l’Opéra et des nouveautés qui font déjà parler d’elles comme Kinky boots ou Rock Of Ages. Puisque j’avais déjà vu The Lion King à Las Vegas, j’ai cette fois choisi quelque chose de très différent avec American Idiot.
American Idiot, l’album opéra-rock de Greenday ? Adapté pour les planches en 2009, le spectacle reprend les chansons originales de l’album autour d’une histoire qui mêle guerre, amour et drogue. Je me faufile donc jusqu’au St James Theatre, lieu de la représentation.
J’avais un peu peur de me retrouver dans une salle immense où les interprètes ne seraient que des points mouvant dans le lointain. Heureusement, ce n’est pas parce qu’on est à New York que tout est démesuré ! La salle est relativement petite, chaleureuse et très élégante avec ses sièges rouges et ses lustres. Bien vite, tout le monde trouve sa place et le rideau se lève.
Je n’ai jamais été fan de Greenday et ce que je connaissais d’American Idiot, je le devais au passage radio des différents titres. Mais comme je m’en étais déjà rendu compte avec The Lion King, la scène a le pouvoir de transformer le matériau originel pour obtenir un résultat tout à fait différent. Ici, le show a tellement d’énergie, les comédiens virevoltent d’un bord à l’autre du décors, les voix se mêlent et réorganisent les chansons… Vous l’aurez compris, je ressors du théâtre à regret, enthousiasmé par le show.
Sortie des théâtres
Je me retrouve sur Times Square comme s’il ne s’était rien passé. Les dernières lueurs ont disparues et seules les immenses enseignes publicitaires éclairent encore la place. Après avoir vibré deux heures au son de Broadway, le calme (tout relatif) du centre de New York prend par surprise. Je regarde ma montre. Il n’est même pas encore vingt-trois heures. Que va-t-on faire maintenant ?
Je me rends compte que je ne suis pas tout seul à me poser la question. Notre spectacle n’est pas le seul à se terminer et, à quelques minutes près, nous sommes rejoints par des flots réguliers de spectateurs hagards. Pour ma part, je n’avais pas pris le temps de manger avant le show, je me mets donc à la recherche d’un restaurant. J’oublie instantanément le McDonald’s, aux files toujours bien remplies.
J’erre dans les environs, fait le tour du bloc d’immeubles et retourne vers Times Square. Mais un peu avant d’y parvenir, le trottoir sur lequel je marche se trouve barré par deux barrières, auxquelles sont agglutinées une dizaine de personnes. Mais qu’est-ce qui se passe ici ? J’avance jusqu’à la barrière pour voir. Un homme franchit soudain de la porte qu’entourent les barrières. Sa tête me dit quelque chose mais il s’engouffre dans une berline avant que je ne le reconnaisse. Les gens à côté de moi échangent des murmures… Ben Stiller ?
C’est bien l’acteur-réalisateur de Zoolander qui vient de passer à un mètre de moi. Je fais un pas en arrière et me rend compte qu’il y a à présent bien plus de dix personnes autour de moi. Plusieurs minutes s’écoulent sans que rien ne se passent et, tout à coup, alors que je m’apprêtais à m’en aller, Liev Schreiber sort à son tour. Il signe quelques autographes, si bien que personne ne se rend compte que Scarlett Johansson est sortie derrière lui.
Quelques flashs et signes de main plus tard, ils ont tous deux disparus. L’attroupement se disperse et me laisse libre de reprendre mon chemin. Je prendrais finalement le métro pour aller manger bien plus haut sur Broadway, après avoir passé une très bonne soirée.
Pour ceux qui se posent la question, il est tout à fait possible d’aller voir une comédie musicale à Broadway même si on ne comprend pas parfaitement l’anglais. On y perdra forcément quelque chose mais la musique a cela de magique qu’elle constitue un langage universel. Et si aucune pièce ne vous fait envie, n’hésitez pas à vous promener dans le Theatre District au soir, vous pourriez faire des rencontres… étonnantes !