La malédiction de Killarney ! Elle existe bel et bien ! Je n’y croyais pas hier, mais j’en suis sûr maintenant. Quand je suis allé au premier bar qui me semblait sympa hier, je pensais que tout irait bien. Bon, il n’y avait que des gens de plus de trente ans à l’intérieur. Inutile de dire que plusieurs m’ont fixé du regard directement. Sans me démonter, je vais au comptoir, demande une Guinness et… Quoi ? Ma carte d’identité ? Mon K-way n’a pas assez de poches, je l’ai laissé à l’auberge de jeunesse. Difficile à expliquer en anglais, même si comme le note un habitué, ça se voit que je n’ai plus douze ans. Les propriétaires respectant scrupuleusement la loi, je me retrouve dans la rue, alors qu’à l’intérieur débute de la musique traditionnelle, avec de l’accordéon… (maigre consolation, ce n’est pas celle que je préfère)
Je décide de retenter le coup avec le bar d’en face, le Courtney’s. Pas beaucoup de monde, mais aucun mal à avoir une Guinness. Je monte à l’étage, où un groupe se met en place. Une demi-heure passe, les gens arrivent et les musiciens se mettent à jouer des airs pop-rock puis, au fil de la soirée, se tournent vers le blues (encore !). Minuit et une autre Guinness passée, je rentre à l’auberge et me couche sans réveiller Will, l’autre occupant du dortoir.
Ce matin, malgré mes prières, la pluie est toujours bien présente, mais ça se calme peu à peu. Tant mieux ! C’est mon dernier jour à Killarney, pas question de me laisser faire par le temps. Je prends donc mon fidèle K-way à deux mains et sors, direction le parc national de Killarney. Comme la veille, la pluie redouble d’intensité. Tant pis ! Je sors la capuche et continue mon chemin jusqu’au Parc National, puis à travers la forêt, jusqu’au Ross Castle. Petite visite pas très longue, pas très chère, mais j’aurai visité au moins un château irlandais. La pluie, qui avait cessé lorsque j’avais quitté Killarney (ça vient de la ville !) reprend. Je décide de faire le grand tour par la forêt, pour être protégé par les arbres. Magnifique panorama, enfin un paysage d’Irlande à prendre en photo. Mais avant, se restaurer.
J’ai trouvé le meilleur restaurant de la ville, c’est le Stonechat. Caché dans une petite ruelle, dans un cadre sympa, il propose des plats légers mais excellents et à des prix d’amis. Dommage que la musique soit simplement la radio… Personne n’est parfait ! Je rentre ensuite à l’auberge de jeunesse, troque mon portable contre mon appareil photo (note au voyageur : toujours savoir quelles sont ses priorités) puis repart au Parc National. Je décide de faire le grand tour, qui me fait longer le lac. Pour le rallonger, je prends de temps à autre un petit sentier que peu de gens empruntent. Longue balade donc, jusqu’à 16H30. Et maintenant ?
Je décide de chercher le village de Muckross, à 5km de Killarney. Avant, je fais un tour à la Killarney House And Garden et à la Knockreer House and Garden. ça fait bien, mais en fait, pas grand chose à voir vu que la première est fermée. Muckross donc. Longue marche dans une direction approximative, en espérant que c’est la bonne. Très longue marche en vérité. Arrivé dans le Parc National proprement dit, il me reste encore quelques kilomètres jusqu’à la Muckross Abbeye (une chouette ruine) puis jusqu’à la Muckross House (mais les visites sont terminées), pour enfin aller jusqu’à la Torc Waterfall (la chute d’eau de Torc ? Allez savoir qui c’est…). Puis, retour fastidieux, mes jambes criant au désespoir. En tout, c’est une petite vingtaine de kilomètres que j’aurais fait aujourd’hui, me faisant rentrer à 20h. Toute la journée, ou plutôt toutes les demi-heures, le temps aura constamment changé, de la pluie torrentielle au timide soleil, en passant par l’arc-en-ciel, mais toujours avec beaucoup de vent.
Passage directement au diner. Le Country Kitchen que je voulais absolument essayer est fermé, j’en suis réduit à errer dans les rues tel un chien affamé. Je m’arrête par dépit sur un fast-food / pizzeria, très américain, pas trop de monde mais des Françaises devant moi. Et des pizzas moins chères qu’à Dublin ou Galway.
C’était mon dernier jour à Killarney et, je croyais ne jamais le dire, j’aurai aimé rester un jour de plus, explorer plus en détails le parc national. Pour les voyageurs, allez directement, dès votre premier jour, au Ross Castle. ça vous évitera probablement de tomber sous le coup de la malédiction. Dehors, la pluie cesse et reprend et, bien qu’exténué (heureusement, c’est journée bus demain), j’irai bien trouver un pub et de la musique traditionnelle. Du blues ? Avec ce temps, ça ne m’étonnerait pas que ce soit une tradition…