Envahie par les touristes, Barcelone peut rapidement se transformer en enfer si on se contente des principaux points d’intérêt de la ville. Il faut parfois savoir prendre un peu de hauteur pour s’éloigner de la foule, ce qui permet au passage d’admirer Barcelone sous un autre angle.
Lors de ma précédente visite dans la capitale Catalane, le meilleur point de vue sur la ville que j’avais trouvé était celui du téléphérique partant de la plage de la Barceloneta vers le MontJuic. Le prix demandé pour accéder à ce panorama inédit n’était par contre peut-être pas au goût de tous. Je vous propose donc aujourd’hui un autre moyen d’embrasser toute la ville d’un seul regard, pour peu que vous ayez les jambes suffisamment solides. Car oui, à Barcelone, ça grimpe !
Partir de la Sagrada Familia
Pour arriver au début de notre escalade (promenade ne peut pas vraiment s’appliquer à l’exercice que je vais vous décrire), je suis parti de la Sagrada Familia. J’avais déjà visité la célèbre cathédrale et je n’ai donc fait que la contourné, pour m’engager dans l’avenue de Gaudi, dont la principale particularité est de porter le nom de l’architecte. Piétonne, cette avenue relie la Sagrada Familia à l’Hospital de Sant Pau, un ensemble moderniste pensé par Doménech i Muntaner et qui vaut vraiment le coup d’œil. Une architecture de toute beauté et assez différente de ce qu’on nous montre habituellement de Barcelone.
J’ai fait le tour de l’Hôpital et j’ai remonté la Ronda del Guinardó jusqu’au Parc de les Aigües. Pour ceux qui seraient uniquement intéressé par la grimpette, c’est ici que ça commence, à côté de la station de métro Alfons X. C’est d’ailleurs le moment de vous munir d’une carte, parce que si ce n’est pas si compliqué, il faut tout de même partir du Parc de les Aigües pour se diriger vers la Plaça de la Font Castellana et remonter la Carrer de la Tenerife. Arrivé aux trois quarts de cette rue résidentielle, vous devriez voir un escalier de béton s’élever sur votre droite. Vous avez fait vos échauffements ?
Ces marches, ce sont la première partie de l’escalade. Il faut ensuite poursuivre sur un chemin de terre, au milieu de la verdure, pour reprendre son souffle de temps en temps (ça grimpe !) et se retourner pour admirer le paysage. Arrivé à ce stade, la vue est déjà très impressionnante. Elle ne l’est pas moins lorsque, un peu plus loin, on traverse un large pont en bois, le pont Mühlberg, qui surplombe les carrières du même nom. C’est ainsi qu’on arrive au pied d’un autre escalier, la troisième et dernière partie de l’escalade, menant à notre destination, les bunkers du Carmel.
Les bunkers du Carmel
Situé à l’extrémité du Parc del Guinardó, l’un des plus grands espaces verts de Barcelone, le belvédère du Turo de la Rovira n’est définitivement pas facile d’accès mais propose une des vues les plus exceptionnelles que l’on peut espérer en venant à Barcelone. J’étais déjà particulièrement content d’être arrivé au sommet de cette colline, mais je l’ai été encore plus en découvrant le panorama, qui permet d’observer la ville à 360°.
La vue est impressionnante, mais le lieu en lui-même ne l’est pas moins. Il m’a fallu un peu de temps pour détacher les yeux de l’horizon mais quand je l’ai fait, ça a été pour découvrir que j’étais au beau milieu de ruines. Et pas n’importes quelles ruines ! Celles d’anciens bunkers, datant de la Guerre Civile Espagnole. Sous Franco, Barcelone a en effet subi 200 bombardements et, pour se défendre contre l’aviation fasciste, avait muni la colline de quatre canons. On en devine encore facilement l’emplacement et il est possible de visiter ce qu’il reste des bunkers, même s’il n’en reste pas grand chose.
La suite est toute aussi curieuse. A la fin de la guerre, les bunkers ont en effet utilisés pour héberger des familles sans revenus, et on a baptisés ces logements de fortune le quartier des Canons. Aujourd’hui, au sol, il y a encore du carrelage datant de cette époque. Depuis, le quartier a été réhabilité et le musée d’Histoire de Barcelone (le MUHBA pour les intimes) en a profité pour y installer l’une de ses antennes, ce qui permet de mieux comprendre l’aspect historique du lieu. Notez que l’accès est tout à fait gratuit, ce qui est de plus en plus rare à Barcelone…
Si les touristes commencent à connaître le site, il est encore en majeure partie fréquenté par des habitants de Barcelone, qui viennent aussi profiter du paysage.
Jusqu’au Parc Güell
Après avoir pleinement profité du site, et plutôt que de repartir par le chemin que j’avais pris en arrivant, j’ai simplement descendu le reste de la route de la Carrer de Mülberg, jusqu’au Bar Restaurant Delicias. C’était bien plus facile ! Pour ceux qui voudraient continuer à se promener (le terme n’est vraiment pas adéquat…), il suffit de traverser la rue pour emprunter un autre chemin de terre bordé d’arbres. Il suffit de suivre la route, où l’ont peut encore admirer Barcelone depuis le Mirador de l’Arquitecte Ignasi de Lecea, pour se laisser guider jusqu’au sommet du parc Güell (entrée de la croix au sud). Il n’y a plus qu’à descendre à travers la partie gratuite du parc.
C’est ici que je vous laisse, avec une recommandation : n’oubliez surtout pas de vous hydrater si vous tentez l’escalade par le chemin que je vous ai décris ici. Il fait bien souvent chaud à Barcelone, particulièrement en été, et il ne faut surtout pas oublier d’emporter une bouteille d’eau avec soi. Tant qu’à faire, on peut aussi prévoir un pic-nic, ce sera une bonne façon de profiter de la vue.
Infos pratiques :
Búnquers del Carmel
Espace en libre accès
Ouvert : 24h/24 et 7j/7
Adresse : Carrer del Turó de la Rovira, s/n, 08032 Barcelona
Site : http://museuhistoria.bcn.cat/es/node/371