Quand j’étais enfant, la Belgique se résumait pour moi à deux villes : Bruxelles et Tournai. La première était une évidence, rivalisant avec Paris dans mon imaginaire, alors que la seconde était pour moi synonyme de proximité, puisqu’à quelques kilomètres seulement, de l’autre côté de la frontière. Pourtant, il aura fallu des années pour que je découvre la ville pour ce qu’elle a à offrir aux points de vue touristique et historique, des années pour que je la découvre finalement… avec mon propre fils. Car Tournai se prête particulièrement bien à un week-end en famille et passer ainsi deux jours à Tournai m’a permis de la retrouver avec des yeux d’enfant.
Souvent surnommée « la Cité des 5 Clochers », on pourrait résumer Tournai à sa Grand Place, qui regorge de terrasses prêtes à accueillir les visiteurs été comme hiver, à l’ombre du beffroi. De mes jeunes années, je me souviens l’avoir fréquenté bien sûr, mais aussi ses magasins, sa foire… peut-être moins ses musées. Pourtant, on trouve à Tournai des musées particulièrement intéressants, qui ont en plus le bon goût d’être tous publics.
Mais quand on est enfant, c’est par cette Grand Place qu’on commence toujours, les yeux levés vers le ciel, vers ce fameux beffroi.
Monter au sommet du beffroi
Monument emblématique de Tournai, ce beffroi est aussi le plus ancien de Belgique. A la fin du XIIe siècle, le roi Phillipe Auguste autorisa les habitants à « à avoir une cloche, dans la cité, en un lieu convenable, pour convoquer les bourgeois quand les affaires de la ville le requerront ». Du haut de ses 72 mètres, il surplombe la ville et son ascension promet une vue à 360° sur les environs. Manque de chance, à l’heure où j’écris ces lignes, le beffroi est fermé à toute visite et doit subir des travaux de rénovation…
Si aucune date de réouverture n’est pour l’instant connue, je ne peux résister à vous partager ma visite qui s’accompagnait en plus d’un carnet d’activités pour les enfants. Regroupant une série de questions, ce dernier permettait d’en apprendre davantage sur l’histoire du beffroi de manière ludique. On apprenait par exemple que ce monument a eu de nombreuses utilisations au cours du temps : tour de guet, carillon ou même encore hôtel de ville. Sa cloche, la Bancloque, avertissait la population des procès, des exécutions, des invasions… Détruit partiellement par un incendie, il fut rénové, rehaussé, et échappa miraculeusement aux bombardements de la Seconde Guerre mondiale.
Désormais inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, le beffroi offrait donc jusqu’à peu 257 marches à grimper pour admirer sa vue sur la ville. J’ai beaucoup apprécié la visite, au cours de laquelle on traverse différentes salles qui permettent d’en apprendre un peu plus sur cette tour moyenâgeuse. Nous ne sommes pas tombés au bon moment pour assister à l’un des concerts du carillonneur, mais c’était théoriquement possible. Par contre, la vue au sommet était superbe.
Je vous recommande donc sans hésiter la visite du beffroi dès sa réouverture, ne serait-ce que pour admirer le dragon doré qui trône au sommet, en guise de girouette. En attendant, il faudra vous contenter du son de son carillon et de ses 55 cloches, qui sonnent tous les quarts d’heure…
L’incontournable Cathédrale Notre-Dame
Du sommet du beffroi, impossible de la manquer : la Cathédrale de Tournai en impose et s’impose dans le paysage tournaisien, surtout que quelques pas à peine séparent les deux édifices.
Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, la Cathédrale de Tournai est considérée comme l’un des plus beaux monuments religieux d’Europe occidentale. Ses dimensions sont impressionnantes : 134 mètres de longueur, 67 mètres de largeur pour le transept et 83 mètres de hauteur pour les plus hautes tours. Datant du XIIe siècle, elle a aussi pour particularité de lier les styles roman et gothique, une curiosité architecturale que remarqueront les plus observateurs. Ce sont bien sûr ses 5 tours qui vaut à Tournai d’être surnommée la « Cité aux 5 clochers ».
Il était impossible d’aller à Tournai sans passer voir sa Cathédrale mais j’avoue que nous ne nous y sommes pas attardés, celle-ci ne correspondant pas tout à fait à mon public-cible. L’accès est cependant gratuit, sauf pour la visite du Trésor.
Le Musée d’Histoire naturelle et son vivarium
Les musées d’Histoire naturelle sont souvent agréables à faire avec des enfants. Après celui de Lille ou celui de Bruxelles, j’ai donc découvert celui de Tournai, situé dans l’ancienne brasserie de l’Abbaye Saint-Martin, à proximité de l’hôtel de ville et du Musée des Beaux-arts. Il fut fondé en 1828, ce qui en fait le plus ancien musée de ce type en Belgique. Dès l’entrée dans sa galerie principale, le musée étonne et séduit. Le cadre est assez particulier pour émerveiller et les collections sont particulièrement bien mises en valeur dans une galerie toute en lumière.
Le musée commence avec différents animaux naturalisés mais embraye ensuite avec un étonnant cabinet de curiosités. De par son ancienneté, le musée possède des pièces uniques, comme le premier éléphant arrivé en Belgique. Plus loin, on quitte brièvement les murs du musées pour passer des animaux naturalisés à d’autres, bien vivants, puisqu’un vivarium regroupe des tortues, des poissons et divers reptiles. Une serre à papillons permet aussi de découvrir d’exceptionnels spécimens, aussi variés que multicolores.
Allier ainsi la conservation, la biologie et la géologie en gardant toujours sous-jacente la notion de biodiversité est une des grande réussite de ce musée, et il faut avouer qu’elle a fait mouche tant sur les enfants que sur les adultes. Si, pour ma part, c’est l’intérieur et sa muséographie qui m’a marqué, c’est évidemment l’extérieur que mon fils a préféré, en particulier la serre aux papillons.
Le Musée des arts de la Marionnette
Mon fils étant un grand fan des marionnettes et de Tchantchès devant l’éternel (les Liégeois comprendront), il était impensable d’aller à Tournai sans visiter son musée de la marionnette. Situé comme il se doit dans le Centre de la Marionnette, le musée regroupe une collection de plus de 2500 marionnettes, de toutes formes et de toutes origines. On les contemple à travers plusieurs salles, regroupées par thématique, par provenance ou par époque.
Visuellement, on en prend plein les yeux, avec de nombreuses marionnettes à observer sur toutes les coutures. Je suis cependant resté un peu sur ma faim en termes d’explications, de mise en contexte, voire d’interactivité. Rien de rébarbatif, mais des enfants moins passionnés que le mien pourraient s’avérer un peu déçus par cet aspect peut-être un peu aride de l’exposition.
Mon conseil serait de de privilégier une visite lors d’un « family day’s » qui se déroulent environ une fois par mois et qui permettent de découvrir le musée avec un thème et un encadrement spécifique pour les enfants.
Le musée n’en reste pas moins intéressant à visiter, avec ses nombreux pantins de bois (et autres !) qui ne manquent pas d’attirer le regard. S’il met en avant le patrimoine national et régional, quelques incursions sont également faites vers les marionnettes du monde, notamment l’Asie et l’Afrique. Une belle manière d’élargir le spectre et de découvrir des techniques spécifiques à ces pays.
Le temps d’un petit week-end, nous n’aurons malheureusement pas eu le temps d’en voir plus. Tournai s’est parfaitement prêtée à cette visite en famille et je pense que mon fils et moi l’avons autant appréciée l’un que l’autre, même sans avoir eu l’occasion d’en faire le tour. Nous aurions par exemple pu aussi visiter le musée de folklore et des imaginaires, qui met en lumière les traditions et le patrimoine de la région.
Pour les aficionados de Martine (à la mer, à la montagne… une grande voyageuse devant l’éternel), un carnet de jeu est disponible gratuitement à l’office de tourisme pour découvrir le cœur historique de la ville à travers des énigmes, des devinettes… le tout pendant environ une heure. Pourquoi Martine ? Parce que l’auteur de cette série à succès était originaire de Tournai, évidemment.
De mon côté, je n’ai qu’un seul regret : ne pas avoir su placer en intertitres les nombreux jeux de mots que la ville m’inspirait. Pour y remédier, je ne vois qu’une seule solution. Je devrai retourner à Tournai !