« And it’s true we named our children after towns that we’ve never been to » scandait Modest Mouse dans l’une de leurs chansons. Si je n’ai appelé aucun de mes enfants Concarneau, le nom de cette ville de Bretagne m’était familier alors que j’y avais jamais mis les pieds. C’est peut-être ce qui m’a décidé à aller y passer une semaine en plein mois d’août, pour des vacances en famille.
Joli ville du Finistère, la ville de Concarneau (ou Konk-Kerne en Breton) est surtout connue pour son port de pêche, ses plages et, surtout, ses fortifications. Si vous êtes dans les environs, il est probable que vous y fassiez un arrêt pour visiter sa fameuse Ville-Close, enchâssée dans ses épais remparts du 14e siècle. Ce n’est pas l’un des sites les plus visités de Bretagne pour rien et il y a largement de quoi s’y occuper, ne serait-ce que le temps d’une journée. Voici mes suggestions.
Visiter la Ville Close
Je pense que j’ai autant aimé me promener à l’intérieur de la Ville Close que l’observer de l’extérieur. Avant même d’y pénétrer, on peut ainsi admirer son beffroi et le cadran solaire adossé à ses murs, bâtis autour de 1905. La Ville Close est une sorte de cité dans la cité, séparée du reste de la ville par un pont et par ses fortifications. Elle trône littéralement sur la mer, puisqu’elle est entourée d’eau à marée haute. En plein été, ses ruelles étroites se retrouvent vite noires de monde et il faut parfois faire la file pour pouvoir avancer, surtout à l’entrée.
En passant une semaine à Concarneau, j’ai eu l’occasion de venir à plusieurs reprises dans la Ville Close, d’abord pour la découvrir, puis pour y déambuler, ou même ne serait-ce que pour y manger une douceur (crêpe, glace, kouign-amann, choisissez votre poison). Ses jolies rues pavées abritent nombre de restaurants et de boutiques, mais aussi le Musée de la Pêche, qui retrace l’histoire et les techniques de cette activité qui fait la renommée de Concarneau, puisque premier port de pêche au thon en Europe. Bateaux, instruments et maquettes permettant aux visiteurs de découvrir la pêche ainsi que l’histoire de la pêche sont réunis à l’intérieur. On peut même visiter le chalutier accosté au quai du musée !
Alors, oui, il y a du monde. Moi qui suis généralement allergique à la foule, ça ne m’a pourtant pas vraiment dérangé. Est-ce parce que j’étais trop occupé à admirer les remparts ou les maisons à colombages qu’ils renferment ? ça a sans doute joué. Je n’ai pas eu le temps de faire le tour du long chemin de ronde, mais c’est peut-être le meilleur endroit pour avoir de jolies vues sur le port et l’ouverture de la baie.
Faire une balade en bateau
A l’arrière de la Ville-Close, on trouve un ponton à partir duquel on peut embarquer sur le Bac du Passage ou p’tit bac pour les intimes. Il transporte les passagers jusqu’au quartier de Lanriec, situé sur la rive opposée. Le trajet pour traverser l’estuaire du Moros est extrêmement rapide (5 minutes) mais prendre le petit bac a quelque chose d’enthousiasmant, surtout si vous voyagez avec des enfants.
Le Bac du Passage existe depuis le Moyen-Âge, lorsqu’il était utilisé par les moines du Prieuré de Saint Guénolé, installés à la Ville-Close. Il ne reste malheureusement rien qui témoigne de ce passé – en tout cas je n’ai rien vu. Par contre, j’en ai profité, après avoir rejoint l’autre rive, pour longer la côte vers le sud. Il y a une agréable promenade à faire sur ce sentier si vous ressentez l’envie de vous dégourdir les jambes.
Notez que si vous ne logez pas à Concarneau mais que vous venez pour la journée, arriver par le quartier du Lanriec peut-être une bonne option pour éviter la foule, en plein été, lorsqu’il devient difficile de se garer en ville. J’ai lu qu’il existait un immense parking au Passage Lanriec. De là, il suffirait d’embarquer sur le p’tit bac et d’accoster sur la Ville Close pour découvrir Concarneau en toute quiétude.
Comme le p’tit bac m’avait laissé sur ma faim, je me suis rendu à l’office de tourisme pour voir ce qu’il était possible de faire comme balade en bateau. Je n’ai pas dû chercher longtemps ce qui allait convenir à toute la famille : des croisières commentées permettent d’en apprendre plus sur le port et sur la Baie de Concarneau, le temps d’une petite heure. Si je n’ai pas été entièrement convaincu par le côté pittoresque du commentaire, je reconnais volontiers que la balade était agréable.
Au départ, j’aurais voulu effectuer la traversée jusqu’aux îles Glénans, très connues dans la région. Avec une escale prévue sur place pour profiter des plages de l’archipel, ça semblait bien sur le papier. En pratique, ce n’était pas vraiment pratique avec un enfant en bas âge, j’ai donc dû y renoncer.
Se prélasser sur la plage
Heureusement, pas besoin d’aller jusqu’aux Îles Glénans pour trouver une plage, puisque Concarneau en compte plusieurs. Je n’ai pas fait dans l’originalité puisque j’ai opté pour la plus connue de Concarneau, à savoir la plage des Sables Blancs. Là encore, j’avais un peu peur du monde, mais la Ville Close a l’air d’attirer l’essentiel de la foule et de permettre aux autres de profiter de la mer sans se marcher sur les pieds.
La plage des Sables Blancs attire un public familial, aux pieds des villas qui couvrent ce côté du littoral. Mais j’y ai aussi vu différentes activités, dont des groupes en catamaran, en kayak ou en planche à voile. Encore une fois, l’espace est assez grand pour qu’il y ait de la place pour les sportifs mais aussi pour ceux qui préfèrent bronzer pendant des heures ou pour les châteaux de sables.
J’en ai profité pour découvrir un chouette sentier piéton reliant cette plage au centre-ville. Il s’agit de la Voie Verte reliant Rosporden à Concarneau, aménagée sur une ancienne voie de chemin de fer, et dont la fin prend place dans l’allée Jean Le Bris, comme une sorte de parc urbain tout en longueur. J’ai emprunté ce chemin à plusieurs reprises durant mon séjour, toujours avec plaisir. Sans enfant, je pense que j’aurais même délaisser la plage pour pousser jusqu’à Rosporden.
Je n’ai pas testé les autres plages de Concarneau tant celle des Sables Blancs était agréable mais j’ai notamment vu évoquées celles de Kernous, de la Belle Étoile ou des Quatre Sardines, pour celles et ceux qui chercheraient une ambiance plus intimiste.
Participer au festival des Filets Bleus
Concarneau est surnommée la Ville Bleue, en référence aux filets de pêche à la sardine qui étaient utilisés par les pêcheurs vers la fin du 19e siècle. L’idée était que cette couleur était plus efficace pour piéger les sardines, les filets pouvant se confondre avec la mer. C’est donc tout naturellement que le principal festival de la ville prends le nom des Filets Bleus.
Il s’agit du plus ancien festival de France (il date de 1905, comme le beffroi de la Ville Close) et c’est LE rendez-vous incontournable de l’été à Concarneau, qui célèbre la tradition maritime et folklorique de la ville. Au programme : défilés en costumes bretons, concerts, danses et dégustations de produits locaux. Organisée l’avant-dernier week-end d’août, cette fête rassemble plus de 1 500 personnes en costume traditionnel breton.
Comme souvent, j’ai d’abord réservé mon séjour à Concarneau avant de me renseigner sur ce qu’il y avait à y faire et c’est totalement par hasard que je me suis retrouvé sur place alors que le festival battait son plein. J’avais même failli annuler ma réservation en voyant que que j’allais arriver pile au moment des festivités, de peur que la ville soit prise d’assaut par les festivaliers. Au final, j’ai pris le risque d’aller à Concarneau à cette période et je ne l’ai pas regretté.
Si je n’ai pas forcément organisé mon emploi du temps pour qu’il colle aux grands moments du festival, j’ai tout de même pu assister à un morceau de la grande parade et quelques-uns des concerts organisés autour du port, au bord de l’eau. Ambiance garantie !
Faire le tour du Château de Concarneau
Uniquement ouvert au public durant la période estivale, le château de Kériolet se trouve sur les hauteurs de Concarneau. J’avais lu à plusieurs reprises qu’il était accessible en 5 minutes à pied depuis le centre-ville, mais je ne comprends pas comment ça pourrait être possible : il m’a fallu plus de cinq minutes pour y arriver en voiture, et j’ignore même si on peut y accéder facilement sans voiture.
Si ce château ne s’inscrit pas vraiment dans le pur folklore breton, son histoire n’en est pas moins étonnante : s’il fut d’abord la propriété des Kériollet, des Trédern ou des Kersalaun, le château devint la demeure de la princesse impériale russe Zénaïde Narischkine au milieu du 19e siècle. Visiter ce château, c’est donc d’abord découvrir comment une princesse Russe s’est retrouvé en Bretagne après être tombée amoureuse d’un capitaine d’artillerie de 20 ans son cadet.
La visite est donc riche de par l’histoire du lieu, mais aussi grâce aux salles particulièrement bien conservées. On peut y découvrir par exemple la salle des Gardes, la salle d’armes, le salon et, sans doute la pièce qui m’a le plus marqué, la cuisine. Dans cette dernière, les murs sont couverts de faïence de Desvres, petite ville du nord de la France, chaque carreau peint à la main.
Le tour du château se termine par la crypte qui alimentait un système de chauffage par le sol, un système révolutionnaire pour l’époque. Les conduits passaient sous les planchers et l’air chaud par des grilles fixées au sol.
Le château se visite uniquement par le biais de visites guidées. La mienne était menée par une étudiante australienne (de la Russie à l’Australie, tout le monde vient à Concarneau semble-t-il) et était agrémentée de nombreuses anecdotes inattendues et pittoresques.
Pour aller plus loin : se rendre à Pont-Aven
Située à une vingtaine de kilomètres de Concarneau, Pont-Aven a été rendue célèbre par les peintres impressionnistes qui y ont passé quelques temps, comme Paul Gauguin ou Émile Bernard. J’en attendais beaucoup et j’ai été déçu, mais sans doute parce que je n’ai pas eu le temps d’y faire tout ce que j’aurais voulu.
En une petite journée, j’ai surtout pris le temps de flâner sur les chemins qui longent l’Aven, la rivière qui traverse la bourgade, ou de manger une crêpe à une chouette crêperie du coin. C’est aussi et surtout la visite du Musée des beaux-arts de Pont-Aven qui m’a bien occupé, abritant une collection impressionnante. Il est en plus plutôt bien pensé pour les enfants, ce qui ne gâche rien. Comptez au moins 1h30 à l’intérieur.
Mais rien à faire, je suis resté sur ma faim. J’étais en quête d’une certaine poésie et il faut avouer que la ville en manque un peu lorsque, au plus fort de l’été, elle se trouve envahie par les curieux. Peut-être que si j’étais allé aller me promener du côté du bois d’amour… J’en suis quand même revenu avec quelques-unes des fameuses galettes de Pont-Aven, histoire de ne pas me laisser abattre.
Où manger une crêpe à Concarneau ?
Si vous venez régulièrement sur le blog, vous savez que les crêpes et moi, c’est une histoire d’amour qui m’a emmené du Québec au Japon. Sachant ceci, vous comprendrez que venir en Bretagne s’approche pour moi d’un pélerinage : j’en profite pour m’asseoir à autant de crêperies que possible. Je n’ai donc aucune hésitation pour recommander la Crêperie Le Petit Chaperon Rouge comme étant une des meilleures de Concarneau. Si elle n’est pas située dans la Ville-Close, elle n’est qu’à quelques pas de là, dans un renfoncement entre deux rues, presqu’à l’abri des regards. Pourtant, avec sa belle façade, elle ne se cache pas.
Pas besoin d’être un grand amateur de crêpes pour savoir qu’ici, elles sont de qualité : le lieu ne désemplit pas de la journée. La décoration, comme les assiettes, est simple mais de bon goût. Si la carte n’est pas kilométrique, elle compte une bonne sélection de crêpes sucrées et salées qui devrait ravir les petits et les grands, le tout à un prix très démocratique. Je me suis régalé !
Non, le seul défaut de ce Petit Chaperon Rouge, c’est d’être pris d’assaut. Alors, pensez à réserver !
J’ai vraiment passé une très chouette semaine à Concarneau et, si je suis toujours content de n’avoir appelé aucun de mes enfants d’après la ville, au moins maintenant, j’y suis allé et je peux vous recommander de lui accorder ne serait-ce qu’une journée. Elle propose de nombreuses activités adaptées aux familles – mais pas seulement. Définitivement un coin de Bretagne à découvrir !