Après ma seule et unique journée à Kilkenny, je suis sorti de l’auberge de jeunesse pour marcher droit vers le trottoir d’en face, directement dans un pub qui proposait de la musique traditionnelle. J’ai pris une pinte de Kilkenny, nom commercial de la Smichtwik, et ait attendu au bar pendant une demi-heure.
Les musiciens étaient enfin en train de se mettre en place lorsqu’un couple est arrivé à côté de moi, demandant de la Murphy’s puis se rabattant sur la Kilkenny. La Murphy’s ayant aussi mes faveurs, j’en ai déduis qu’ils venaient d’ailleurs. Des Français ? Je leur pose la question de but en blanc, en Français donc (note au voyageur : l’alcool aide à communiquer dans les pays étrangers, mais dès qu’on en abuse…). Bingo ! Ansel et Grettel sont deux habitants de Cherbourg (venant de Paris et d’Avignon en passant par Chambery… des gens compliqués) qui ont fait la côte ouest en voiture et s’apprêtent à repartir.
Sur fond de musique (rythmée par les pas d’une danseuse traditionnelle, la première que je vois), nous passons la soirée à échanger nos anecdotes de voyage. Une Guinness passée, la Kilkenny manquant de goût au mien, nous repartirons tous les trois à l’AJ, où je tomberais dans un profond sommeil. Lendemain matin plutôt banal, heureux de constater que les douches permettent de régler la température et de les allumer et les stopper à loisir. Prendre le bus Eireann jusqu’à Dublin se révèle facile et sans obstacle particulier, mis à part l’attente et mon ENORME sac, à trimballer à l’aller comme au retour.
Et me revoilà à Dublin. J’ai l’impression d’en être parti hier. La ville m’est familière, j’ai rarement trouvé une capitale où je me sente aussi bien, comme chez moi. Retour à mon auberge de jeunesse, où je passe à une chambre située au troisième étage (sans ascenseur… dur !) : quatre lits inoccupés et un lavabo. Très belle vue de la fenêtre qui rappelle un film Hitchcockien. En arrivant, j’ai à peine déposé mes affaires que je suis reparti manger un morceau.
« Vive le cinéma ! »
Mes pas m’ont conduit au Cornucopia, un restaurant bio/végétarien aux prix et à l’ambiance assez agités, bien que satisfaisant dans l’ensemble. Tandis que je finissais mon repas, mes yeux se sont posés sur une brochure traînant sur la table : le programme de l’Irish Film Center (une vieille connaissance). Ô surprise ! Je tombe précisément le jour des séances gratuites, de vieux films ouverts à tous dans la limite des places disponibles. Voilà comment occuper un après-midi ! Je serais tombé pile pour la séance de U2 : Rattle & Hum, salle comble et très agréable moment passé à unir deux passions, le cinéma et la musique (note au voyageur : lors d’un voyage, ne pas compter sur le hasard, c’est ce qui fait tout son charme).
En sortant, il est déjà l’heure de manger, je vais donc dans un pub non loin de là, le O’Neill’s. A mon avis, on trouve mieux dans les pubs dublinois, même si le repas était consistant et bon, ça reste plutôt cher pour l’ambiance pub. Je repartirais suite à l’hostel. Le retour à Dublin, bien qu’il me réchauffe le cœur, me mets aussi sous le nez le fait que mon départ est proche, trop proche. A force de voyager à travers le pays et grâce à diverses rencontres, je n’ai pas vu le temps passer (à part à Killarney… sans rancune). Il ne fait aucun doute que je pourrai facilement laisser l’Irlande m’adopter définitivement…
C’est sur cette note mélancolique que je m’arrête ce soir, je vais aller noyer mon chagrin au bord d’un verre couleur Liffey.